Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 16.djvu/555

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en 1626[1]. Et ces couvens, pour la moitié au moins, venaient d’être fondés par des ordres nouveaux, de qui le caractère montre clairement à quelles nécessités ils prétendaient pourvoir.

De ces ordres nouveaux, un quart à peine, on l’a remarqué souvent[2], se vouait à l’ascétisme contemplatif et cloîtré : les trois quarts étaient des congrégations « séculières » et qui ne méritaient pas seulement ce nom parce qu’elles ne s’astreignaient point à la règle claustrale, mais parce qu’elles pratiquaient tous les moyens de se mettre en contact avec le siècle et d’y entrer : — l’assistance publique, dont les ordres mendians se font de plus en plus une spécialité ; — l’enseignement, auquel les Jésuites, dès l’origine, les Oratoriens, malgré Bérulle, les Ursulines, les Bernardines, les Clarisses se consacrent avec tant d’ardeur qu’en peu de temps la France est couverte de leurs collèges ou écoles ; — le ministère ecclésiastique, enfin, dont, malgré leurs statuts, leurs promesses ou les défenses papales, elles ne tardent pas à se laisser ou à se faire charger. Soit qu’elles placent leurs membres dans les fonctions de curé ou de vicaire, soit que, dans les paroisses, à côté de l’église, elles ouvrent aux fidèles les chapelles de leurs couvens[3], elles s’immiscent dans la vie quotidienne de l’Eglise, et se mêlent, par l’administration des sacremens, au clergé ordinaire dont elles affectent de ne pas se distinguer même par le costume. Tel avait été[4] le plan de saint Charles Borromée, — l’initiateur de génie à qui toujours il faut remonter dans l’histoire religieuse d’alors, — lorsqu’il fondait, en 1578, ces Oblats de Saint-Ambroise, « pépinière, nous explique-t-on, « d’ouvriers évangéliques, » qu’une règle, très simple, ne servait qu’à « dégager des embarras du siècle, » et, loin de les empêcher de remplir « toutes les fonctions ecclésiastiques, » les mettait en état « de s’y consacrer avec une ardeur plus entière. » C’est là le type sur lequel s’étaient fondés, d’abord les Oratoriens de Bérulle, « non point religieux, » disaient-ils eux-mêmes, mais « prêtres associés en vue de travailler pour les évêques, sous eux et pour eux ; » — puis les Prêtres de

  1. D’Avenel, ouvrage cité, t. II, p. 240.
  2. Henri Martin ; Caillet, ouvrage cité.
  3. Dont la propreté coquette, observe l’évêque Camus, attirait le public plus que les églises paroissiales, que la Compagnie du Saint-Sacrement avait tant de peine à nettoyer.
  4. Hélyot, Histoire des ordres monastiques, édition de 1714, t. VIII, p. 34, 61, 77 ; D’Avenel, ouvrage cité, t. III, p. 345 ss.