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décroissance dans le monde. On pourrait plutôt soutenir le contraire. Nous ne parlons pas ici en catholique, mais en politique, et en nous plaçant au point de vue des intérêts de la France, qui se rattachent par plus d’un lien à ceux de la catholicité.

Pour ce qui est de Léon XIII lui-même, il trouverait, (s’il revenait à la santé, la preuve des sympathies qu’il inspire dans l’impression si vive qu’a produite la nouvelle de sa maladie. Il n’y a certainement pas un autre personnage aujourd’hui, en Europe ou même dans le monde, qui excite un intérêt aussi général. Tout autre que lui pourrait mourir sans qu’un aussi grand nombre d’êtres humains s’en préoccupent et s’en affligent. C’est qu’il représente quelque chose de grand, et qu’il le fait avec une grandeur personnelle incomparable. Voilà pourquoi le monde entier se tourne aujourd’hui du côté de Rome, dans une attente pleine d’anxiété, pour savoir si un vieillard va mourir. Jamais l’importance intellectuelle et morale d’une institution et d’un homme ne s’est manifestée avec plus d’éclat. Si nous le disons avec cette insistance, c’est pour le rappeler à ceux qui, poursuivant la séparation de l’Église et de l’état, croient qu’il y a là une opération toute simple et qu’on peut accomplir sans se préoccuper de ses suites. Il en est qui croient de bonne foi que le prestige de l’Église, en France, tient à celui de l’État, et peut-être même au budget des Cultes. Nous en doutons de plus en plus en voyant ce qui se passe. Le prestige de l’État, chez nous, n’est certainement pas en progrès, et il ne semble pas que celui de l’Église soit en décroissance. On peut l’assurer hardiment, le prestige que M. Combes, en tant que ministre des Cultes, communique à l’Église entre comme une quantité infinitésimale dans celui dont Léon XIII est entouré. Si les jours de M. Combes, ce qu’à Dieu ne plaise ! se trouvaient subitement en danger, l’Univers entier, ni peut-être la France elle-même, ne tressailliraient pas comme ils viennent de le faire en apprenant que le Pape était sur le point de mourir. Nous arrêtons là ces comparaisons que M. Combes ne jugerait peut-être pas très convenables, et qui ne le sont pas en effet : et, puisque les inquiétudes pénibles qui nous viennent de Rome ne sont pas encore dissipées, tournons les yeux vers un autre point de l’horizon, c’est-à-dire du côté de Londres. Là, du moins, nous trouverons quelques motifs de satisfaction.


Nous ne pouvons que nous réjouir de la manière dont le roi Édouard VII, la ville de Londres et toute la population d’Angleterre ont reçu M. le Président de la République. On s’attendait bien à