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REVUES ÉTRANGÈRES

UNE NOUVELLE BIOGRAPHIE DE BOTTICELLI


Botticelli, par A. Streeter, 1 vol. illustré ; Londres, 1903.


Il y avait à Florence, dans la seconde moitié du XVe siècle, un honnête et consciencieux artisan nommé Sandro Filipepi, mais plus connu sous son surnom familier de « petit baril, » Botticelli. Fils d’un tanneur, il avait adjoint à l’atelier paternel, vers 1472, une bottega de peinture assez achalandée. Les Médicis l’employaient volontiers pour certains travaux de décoration ; un pape florentin l’avait même chargé d’une commande au Vatican ; et le conseil de fabrique de la cathédrale de Pise avait, un instant, songé à lui pour la continuation des fresques de Gozzoli au Campo Santo : mais le morceau qu’il avait soumis, par manière d’épreuve, avait été jugé peu satisfaisant. D’une façon générale, cependant, Sandro était estimé de ses confrères et du public : il l’était à l’égal de vingt autres maîtres, sans que jamais certainement personne ait eu l’idée de découvrir en lui un génie supérieur à Verrocchio, à Domenico Ghirlandajo, au bizarre et charmant Cosimo Rosselli. En 1516, six ans après sa mort, son nom était déjà si oublié qu’une de ses peintures les plus remarquables, la Pallas au Centaure du palais Pitti, était mentionnée dans un inventaire des Médicis sans nom d’auteur. Un demi-siècle plus tard, Vasari, naturellement, lui consacrait quelques pages dans ses Vies des Peintres, Sculpteurs, et Architectes, où il n’y avait pas si obscur petit ouvrier florentin qui ne figurât ; mais il parlait surtout de ses farces d’atelier, et le seul de ses tableaux qu’il louât de bon cœur se