Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 16.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fût enregistré, cela paraissait à Consalvi contraire à la « justice. »

Mais, lorsque les chancelleries eurent définitivement embaumé ce cadavre récalcitrant, un autre Empire s’interposa, pour empocher Rome et les États allemands d’engager des conversations particulières : et ce fut l’Empire français. Napoléon Ier voulait donner une sanction, dans l’ordre religieux, à cette nouveauté politique qui s’appelait la Confédération du Rhin ; il voulait qu’à cette ébauche d’unité allemande, fille et sujette de sa volonté souveraine, correspondît un Concordat allemand, conclu par ses soins et sous ses auspices.

La Cour de Rome, naguère si négligée, recevait à présent trop d’avances : d’une part, les désirs timidement exprimés des Etals allemands, qui s’essayaient à régler leurs affaires avec elle, personnellement ; d’autre part, les communications formelles de l’empereur des Français, qui, se réputant à juste titre comme « le plus puissant d’entre les chrétiens, » sentait sa « conscience troublée, » tant que se prolongerait, pour le catholicisme allemand, « un état d’abandon et de perdition. » Le Wurtemberg après la Bavière, et Bade après le Wurtemberg, ne se lassaient point d’élever la voix pour réclamer des évêchés spéciaux et une organisation territoriale de la confession catholique ; et, d’autre part, « héritier de Charlemagne, véritable empereur d’Occident, fils aîné de l’Eglise, » l’empereur Napoléon considérait que c’était de lui seul, — de lui, le reconstructeur universel, — que les Églises d’outre-Rhin pouvaient attendre le « secours, la puissante protection, » dont elles avaient « un si pressant besoin. » En face des États allemands qui souhaitaient leurs Eglises, Napoléon préférait que l’Allemagne eût son Eglise, comme la France unifiée avait la sienne, ou, tout au moins, qu’une primatie allemande dominât de son impérieuse bénédiction tous les États signataires de la Confédération germanique. Dalberg, lui, ne jugeait pas impossible que, sous les auspices de l’Empereur, des concordats spéciaux fussent négociés et que par-dessus les Églises nouvelles, filles de ces concordats, une primatie nationale continuât de régner ; il renoncerait d’ailleurs à cette primatie, le jour où elle paraîtrait un organe superflu.

Ainsi, plusieurs combinaisons, dont l’une accentuait les rapports entre l’établissement religieux et la souveraineté territoriale, et dont l’autre ressuscitait l’antique usage des vastes patriarcats, se disputaient entre elles l’audience et