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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 juin.


Le dernier incident de la quinzaine, et peut-être le plus intéressant, est le discours que M. Waldeck-Rousseau a prononcé au Sénat dans la discussion, ou plutôt à propos de la discussion de la loi sur la construction d’office des maisons d’école. Le bruit avait couru que M. Waldeck-Rousseau cherchait une occasion de distinguer sa politique de celle de son successeur. Il en a saisi une qui était aussi bonne qu’une autre, mais qui avait le défaut d’être tardive. De plus, le discours de l’ancien président du Conseil ne pouvait avoir aucune sanction parlementaire immédiate, puisque l’orateur ne proposait rien, et que, satisfait d’avoir dégagé sa responsabilité, il n’essayait pas d’engager celle du Sénat par un vote.

A-t-il réussi à dégager la sienne propre des conséquences extrêmes que M. Combes a tirées de sa politique ? On connaît notre opinion sur ce point. Quand M. Waldeck-Rousseau a fait la loi du 1er juillet 1901, nous avons pressenti et annoncé ce qui s’est passé depuis ; cela nous dispense d’y insister maintenant. M. Waldeck-Rousseau soutient qu’on a défiguré et dénaturé sa loi par la manière dont on l’a appliquée. Il a fait le procès, non seulement du ministère actuel, mais de la Chambre. Soit : nous admettons tout ce qu’il a dit à ce sujet ; il aurait même pu en dire davantage. La Chambre et le gouvernement ont méconnu des intérêts sacrés ; mais cela devait fatalement arriver. S’inspirant de l’esprit des anciens légistes et des procédés des gouvernemens d’autrefois, l’erreur de M. Waldeck-Rousseau a été de croire qu’il pourrait, dans une société où tous les contrepoids ont disparu sous le flot démocratique, limiter son action et l’arrêter exactement au point où il voudrait. Il a fait appel à des principes