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les campagnes que dans les villes et déjà l’on y remarquait des membres honoraires, puisqu’il arrivait aux seigneurs d’en faire partie.

Si puissante était la force de cette institution des confréries, telles étaient la vivacité de leur raison d’être et la réalité du besoin auquel elles répondaient, que la Révolution elle-même, malgré tant de prescriptions et de décrets hostiles aux associations, ne put les faire entièrement disparaître. En 1853, un rapport officiel énumérait 43 sociétés de secours mutuels, créées avant la Révolution, et qui n’étaient autres que d’antiques confréries, recrutées parmi des gens de même profession.

Si nous examinons par ordre d’ancienneté les premières sociétés de secours mutuels, nous ne saurions nous arrêter à celle des portefaix de Marseille qui prétend remonter aux Romains. Plus près de nous, on cite, à Lille, des sociétés de secours mutuels qui pourraient produire des titres du XVIe siècle. La plus vieille de celles qui ont date officielle sur l’Annuaire du ministère de l’Intérieur est une société de secours mutuels de Cadillac, dans la Gironde qui, fondée en 1609, a gardé son nom de Confrérie de Saint-Jean. Elle compte aujourd’hui 7 membres honoraires et 110 membres participans.

La Société de secours mutuels de Sainte-Anne, à Paris, remonte à 1694 et portait, à son origine, le titre de « Confrérie et société hospitalière des compagnons menuisiers et habitans du Temple sous l’invocation de sainte Anne. » La Société pano-technique de prévoyance, également encore existante à Paris, date de 1720. C’était une confrérie placée sous l’invocation de Notre-Dame de la Nativité II existait dans la capitale, il y a quelques années, 13 sociétés antérieures à 1799. Il en est qui ont déjà disparu ou se sont fondues dans d’autres. Du moins les anciennes confréries ont-elles l’honneur d’avoir légué aux sociétés qui leur ont succédé le principe et la tradition de la charité chrétienne, qui y trouve encore un terrain suffisant pour se mouvoir à l’aise. Pour témoigner de l’empreinte de la religion dans les sociétés actuelles de secours mutuels, il suffit de noter, dans l’Annuaire de 1902, le nombre encore considérable de celles qui sont désignées sous un nom d’origine pieuse. En 1865, dans la Gironde, la moitié des sociétés était placée sous le vocable d’un saint. A Marseille, c’était la presque totalité : 153 sur 160. En 1899, on trouve encore, dans la Gironde, 254 sociétés avec