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LES SOCIÉTÉS DE SECOURS MUTUELS

Il est une question naissante : celle des sociétés de secours mutuels, bien que, sous d’autres noms, elles existent en réalité dans notre pays depuis le moyen âge et que, plus récemment, il y a un demi-siècle, elles aient obtenu une reconnaissance légale. Mais, naguère encore, l’idée d’association, si violemment combattue par la Révolution, était suspecte à la fois aux gouvernemens pour son caractère libéral et au public comme un symptôme précurseur de l’émancipation ouvrière. Sur le terrain mutualiste, comme sur d’autres, elle n’était pas capable de donner les fruits qu’on était en droit d’en attendre. Il a fallu que, dans ces dernières années, sous la pression d’événemens plus forts que les principes, l’heure sonnât à la fois pour tous les modes de l’association économique. Les sociétés de secours mutuels ont participé au mouvement général dans des proportions particulièrement intéressantes et la loi du 1er avril 1898, qui les concerne, a définitivement orienté un courant d’opinion dont l’intensité va chaque jour croissant. D’où vient cet engouement qui a déjà donné naissance à un certain nombre de ligues ayant pour mission de développer les œuvres de mutualité et de prévoyance ? Pourquoi d’autres ligues, qui n’avaient pas d’abord en vue la propagande mutualiste et qui semblaient notamment, pour ne citer qu’un exemple, se confiner de préférence dans les questions pédagogiques, ont-elles pris tout à coup cette cause en main avec une ardeur qu’on peut bien qualifier de passionnée, car elles y ont mis une énergie qu’on n’apporte ordinairement que sur le terrain politique ou religieux ? D’autre part, il est peu d’exemples d’une œuvre humanitaire, si belle soit-elle, qui, sollicitant les