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l’esprit aventureux : curieux mélange que l’on retrouve dans la constitution de nos corps de la Légion étrangère, auxquels ces troupes ressemblent par plusieurs points, de types de tout âge et aussi de toutes les races qui ont concouru à la formation de la nationalité américaine : nombreux élémens de provenance anglo-saxonne, beaucoup d’Irlandais et autres rejetons de race celtique, des Canadiens parlant très correctement le français et, parmi les marins principalement, des hommes de sang mêlé et même des nègres des États du Sud, etc.

Les officiers, très policés ou d’abord quelque peu rude, selon leur éducation première, étaient tous des native born ou Américains de naissance, provenant, pour la plupart, des cadets de l’une des nombreuses Académies militaires privées de l’Union et, en dernier lieu, des écoles de West-Point ou d’Annapolis : excellens cavaliers, pleins d’entrain, à l’esprit entreprenant, et possédant une solide instruction professionnelle.

L’aspect du contingent américain en colonne produisait, en général, une impression favorable : la discipline de marche y était sérieusement observée. L’état-major français eut l’occasion de voir défiler la plus grande partie de ce contingent en différentes circonstances, entre autres dans la marche de Peitzang sur Yang-Tsoun ; de côtoyer ce dernier, puis de le dépasser sur la route de Matou à Tong-Tchéou ; enfin, de le voir à l’œuvre près de Pékin : les formations des colonnes étaient toujours régulières, le pas alerte, les unités serraient à leur distance, sans allongemens. Il n’en était pas tout à fait de même lorsque l’on faisait la rencontre de petites fractions : patrouilles, reconnaissances, escorte de convoi, etc., qui opéraient isolément, hors de la vue des officiers et loin du corps principal, en route ou dans les environs des cantonnemens. On se rendait alors promptement compte que les cadres subalternes ne possédaient pas toujours sur les soldats la même autorité que les officiers.

Cette bonne exécution du service de marche, que nous avons constatée dans le contingent américain, était singulièrement facilitée, il convient de le dire, par les dispositions particulières que le commandement avait pu prendre pour alléger le chargement du fantassin : ce chargement, le plus souvent, se réduisait à une couverture, à un étui-musette, à l’approvisionnement de cartouches rangées sur une forte ceinture, à son fusil et à sa