religion perdrait de son poids si l’on paraissait y mêler des vues politiques. » — « Il n’est pas possible, insistait M. Asseline, évêque de Boulogne, d’enseigner au peuple que la religion catholique ne se lie bien qu’à la monarchie et ne peut exister longtemps sans elle, parce que la vérité est que la religion catholique, depuis qu’elle est établie, s’est bien liée à des formes de gouvernement républicain et a subsisté longtemps avec elles. » — M. De la Marche, évêque de Saint-Pol-de-Léon, parlait exactement comme M. Asseline, et M. De Bonal, évêque de Clermont, écrivait que « le concours de deux missions, évangélique et royaliste, les anéantirait infailliblement toutes deux. » Quant à M. De Fontange, archevêque de Toulouse, on ne constate dans les archives que son silence.
Ainsi les prélats dans lesquels Louis XVIII mettait sa plus grande confiance, et qui d’ailleurs justifiaient cette confiance en prohibant ou en blâmant tout serment impliquant l’acceptation du nouvel état de choses, avaient néanmoins un mouvement de recul lorsque le roi leur demandait de mettre formellement l’Église à son service. Ils n’admettaient pas, eux royalistes et même serviteurs zélés et actifs du roi, qu’en 1797, — quatre ans seulement, pourtant, après l’échafaud de la place du Trône, — on fît la théorie d’une Église royaliste ; il leur semblait qu’en se courbant sous une telle théorie leur mitre baissait d’altitude. Ils n’admettaient pas davantage, d’ailleurs, que les « soumissionnaires » appuyassent sur les constans principes de l’Église certaines maximes d’adhésion aux pouvoirs nouveaux : ce n’était plus leur mitre, alors, qui leur paraissait diminuée ; c’était leur blason qui leur paraissait terni. Gentilshommes trop scrupuleux pour oser accepter d’autres emblèmes que les fleurs de lis, et prêtres trop corrects, cependant, pour oser adjoindre au vieux Credo catholique un chapitre politique inédit, ils avaient plutôt, dans cette période de crise, une attitude qu’une doctrine, plutôt même des attitudes qu’une attitude.
Ils étaient d’avance condamnés à l’insignifiance. Trop tièdes au gré du roi, trop antirévolutionnaires au gré du peuple, ils ne firent rien ni n’empêchèrent rien, et sans doute laissèrent monter vers le ciel leurs actions de grâces surprises lorsqu’ils apprirent que, sans le roi, le peuple sauvait l’Église et que Bonaparte, organe du peuple, la restaurait.
Depuis la loi du 3 ventôse an III (21 février 1795), la liberté des cultes existait, sous la forme d’une véritable séparation de l’Église et