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l’état-major de l’armée se vidait ; le chef d’état-major de l’armée quittait ses fonctions auprès du ministre de la Guerre pour devenir le major-général du groupe des armées du Nord-Est. Le gouvernement ne disposait plus, pour assurer la haute direction de la guerre, que d’un personnel dont la compétence et l’autorité étaient considérablement diminuées. Aujourd’hui, le chef d’état-major de l’armée conserve ses fonctions en guerre comme en paix. C’est un grand progrès qu’il importe de maintenir.

Les états-majors des armées sont désignés d’avance, mais ils n’existent pas dans la loi. Il faut les y mettre, et prendre les mesures nécessaires pour qu’on puisse les réunir facilement et souvent, afin de les préparer entièrement à leur grand rôle, et de les rompre à leur service de guerre, à leurs opérations probables, non seulement autour de la base de concentration, mais au-delà de nos frontières.

Le haut commandement est mieux préparé. Les chefs des armées sont désignés dès le temps de paix. Ils résident à Paris comme membres du Conseil supérieur de la guerre. Le commandant en chef éventuel du groupe des armées du Nord-Est est vice-président de ce Conseil. Tous trouvent à l’état-major de l’armée les facilités nécessaires pour se préparer à leur grand rôle. Leurs inspections d’armées les mettent. à même de connaître leurs commandans de corps d’armée, leurs officiers généraux, leurs chefs de corps ; de surveiller, de diriger des manœuvres, et de conserver ainsi le contact de la troupe.

Il y a quatre ans, on a voulu les éloigner de Paris et les replacer à la tête de corps d’armée, pendant la paix ; sauf à leur faire abandonner ces commandemens à la déclaration de la guerre. L’avantage, qu’on leur donnait ainsi de conserver en permanence le contact de la troupe, ne laissait pas que de présenter des inconvéniens sérieux à la mobilisation. De plus, on diminuait leurs facilités à se préparer à leur grande mission ; car leur temps était absorbé par les mille détails, inhérens au commandement d’un corps d’armée, et sans influence utile pour la préparation à la guerre d’un chef d’armée.

Outre les généraux désignés pour commander les armées, le Conseil supérieur de la guerre comprend, aujourd’hui, un certain nombre de membres qui n’auraient pas d’emploi immédiat à la guerre et qui sont simplement à la disposition du ministre. Il y a là une exagération qui ne paraît pas justifiée. Le Conseil