d’exercer ce pouvoir effrayant, illimité, sur toute l’étendue du pays, et d’imprimer, à toutes nos frontières, une impulsion d’une énergie sombre, terrible, sont les représentans du peuple en mission soit dans les départemens, soit aux armées.
Ces représentans agissent par groupes de deux. Quelquefois plusieurs groupes sont réunis. Ils doivent rendre compte de leur mission une fois par semaine à la Convention, tous les deux jours au Comité de salut public. Ils peuvent être relevés tous les mois. Ils doivent se concerter avec les généraux ; veiller à l’approvisionnement des armées ; exercer une surveillance incessante sur les fournisseurs, comme sur la conduite des généraux, des officiers, et des soldats. Leurs pouvoirs sont illimités. Ils peuvent suspendre les autorités civiles et militaires et les remplacer. Leurs arrêtés sont des lois provisoires ; nul pouvoir autre que la Convention ne peut y porter atteinte.
La Convention ayant déclaré que la terreur est la base du gouvernement, les représentans s’appliquent à épouvanter. À toutes les armées, ils suspendent, font arrêter et envoyer des généraux aux tribunaux révolutionnaires. Le remarquable ouvrage de M. H. Wallon, sur les Représentans du peuple en mission, donne à cet égard des renseignemens saisissans. Pour nous, nous nous bornerons à nous occuper ici des événemens qui se passent en Provence et sur la frontière des Alpes, comme étant tout spécialement intéressans au point de vue de notre étude.
Dans cette région, les exécutions de généraux avaient commencé dès la fin de 1792, avant la création du Comité de salut public ; elles avaient été faites par la Convention elle-même, qui, après quelques hésitations, avait décrété d’accusation le général de Montesquiou-Fezensac, dont les opérations heureuses et bien menées avaient, cependant, permis l’annexion de la Savoie. Le général Anselme, qui commandait, lui aussi, très énergiquement dans le comté de Nice, et qui en avait facilité la prise de possession, ne fut pas plus heureux. Deux simples dragons de son armée vinrent l’accuser, à la barre de la Convention, de ne pas savoir maintenir la discipline dans ses troupes ! Il ne tarda pas à être arrêté.
L’armée du Midi est alors coupée en deux : les troupes de Montesquiou, dans les Alpes de la Savoie et du Dauphiné, forment l’armée des Alpes, qui est donnée au général