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III

Dès le 19 août, les Ire et IIe armées allemandes sont réorganisées. Sept corps d’armée et demi constituent l’armée d’investissement de Metz, sous le commandement du prince Frédéric-Charles. Une nouvelle subdivision d’armée est formée par trois corps d’armée placés sous les ordres du prince de Saxe. Le général de Steinmetz abandonne son commandement.

Le 21 août, lettre personnelle du général de Moltke[1] au général de Stiehle, chef d’état-major du prince Frédéric-Charles :

«… Je me bornerai à attirer votre attention sur le point suivant : une trouée exécutée éventuellement par l’armée investie dans la direction du nord-est serait pour nous ce qu’il y aurait de moins dangereux, tandis qu’un mouvement analogue vers le sud-est serait très gênant. Il aurait pour résultat d’interrompre la ligne Frouard-Strasbourg, d’une si grande importance en vue de la marche sur Chalons. L’effectif de l’armée d’investissement ayant été porté à sept corps d’armée et demi, il y aura lieu de faire une résistance acharnée sur la rive droite également, tout au moins dans la direction du sud. »

Par ces quelques mots très brefs, le chef d’état-major du prince Frédéric-Charles est entièrement renseigné sur les conditions essentielles, — en ce qui concerne l’ensemble des opérations des armées allemandes, — auxquelles devra satisfaire l’armée d’investissement de Metz.

Le même jour, 21 août, ordre faisant continuer vers l’ouest la marche de la IIIe armée et de l’armée du prince de Saxe, la IIIe armée formant échelon en avant. Les deux armées doivent atteindre la ligne Vitry-le-François-Sainte-Menehould, le 26 août.

Pendant l’exécution de cette marche, le grand état-major allemand reçoit des indications de plus en plus sérieuses au sujet du départ de l’armée de Mac-Mahon, de Châlons sur Reims ; puis, notamment par un article du journal le Temps, sur la manœuvre destinée à faire secourir à la hâte Bazaine par cette armée. Rien n’est encore sûr ; on ne peut pas agir ; mais il importe de se préparer pour éviter toute perte de temps, quand le moment de l’action sera arrivé. La correspondance du maréchal

  1. Correspondance militaire, 1er vol., p. 302.