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prince sur l’emploi des forces allemandes contre les Français. Quoique la rencontre n’ait pas eu lieu, il est intéressant de citer ce plan de bataille qui est très complet, et qui émane du chef d’armée qui a déjà joué un si grand rôle contre l’Autriche, dans la guerre de 1866 :

« Excellence, je vous ai déjà fait connaître de Sarreguemines que l’ennemi semble s’être réuni en grandes masses derrière la Nied française, en deçà de Metz. Je m’empresse, à mon arrivée ici, de vous faire part de mon opinion. Il y a apparence que cette réunion des masses ennemies conduira à une bataille… Vous apprécierez s’il n’y aurait pas lieu… De mettre la Ire armée en mouvement dans des conditions telles que, en liaison avec mon IIIe corps, elle en prolonge, au besoin, en partie le front, et puisse surtout exécuter avec des forces importantes, sur le flanc gauche de l’ennemi, un mouvement tournant à large envergure. Je ne disposerai devant le front de l’adversaire que la quantité de troupes qui paraîtra nécessaire pour le maintenir, comme a fait mon armée à Sadowa, et l’empêcher de couper notre centre. Je dirigerai l’effort principal contre le flanc droit de l’ennemi ; j’y prendrai l’offensive en forces, en faisant suivre au moins un corps en réserve des troupes enveloppantes… Nous pourrons faire de jour le déploiement sur le front de l’ennemi ; les mouvemens préparatoires sur les flancs doivent être faits, autant que possible, de nuit et sur des chemins reconnus à l’avance. Il faudra ne pas allumer de feux et commencer le combat avec le jour, pas après cinq heures. Dieu nous aidera ! »

Le maréchal Bazaine s’étant replié sur Metz, la bataille n’eut pas lieu. Le 12 août, à 4 h. 30 du soir, on expédie du grand quartier général de Saint-Avold aux trois commandans d’armée les ordres[1] pour la suite des opérations :

« Autant que les nouvelles reçues permettent de l’apprécier, les forces principales de l’ennemi se retirent derrière la Moselle par Metz.

« Sa Majesté donne les ordres suivans :

« La Ire armée se portera demain, 13, vers la Nied française, le gros sur la ligne des Étangs, Pange, et couvrira la gare de Courcelles. La cavalerie reconnaîtra vers Metz et franchira la Moselle en aval. La Ire armée couvrira ainsi le flanc droit de la IIe.

  1. Correspondance militaire du maréchal de Moltke, Ier vol., p. 278.