à vous et aux vôtres, quand elles paraissent dans un organe de l’opinion monarchique qui ne passe pas pour être de vos ennemis. Merci donc de la justice que vous me rendez.
Twickenham, 9 octobre 1854.
Mon cher ami, le canard à la Tartare était un peu épicé ; ici, il est apprécié comme un Stock jobbing hoax. Malheureusement, il a défloré la bataille de l’Aima, qui est une belle et glorieuse affaire, et qui valait bien la salve de Guégué. Les affaires ne me paraissent pas aller plus mal en Crimée, pour suivre une marche plus régulière. Voilà le pauvre Saint-Arnaud mort ; je le regrette ; il avait du cœur ; je le plains de n’avoir pas été emporté trois jours plus tôt par un boulet ; cependant, il est mort au champ d’honneur. Tout cela m’émeut profondément, et cette épreuve-ci, pour moi, passe toutes les autres[1]. Ces zouaves, ces chasseurs, que nous avions formés avec tant de soin ; ces généraux, dont le gouvernement de Juillet avait préparé la carrière avec tant d’impartialité et de désintéressement, ils battent les Russes sans nous !
H. O.
Paris, 16 octobre 1854.
Mon cher Prince,
Je vous écris au milieu de mon déménagement, dans un de ces momens où l’on ne trouve pas une plume, si, par hasard,
- ↑ A la même époque, la Duchesse d’Aumale écrivait à M. Cuvillier-Fleury :
Twickenham, 27 octobre 1854.
« Mon cher Monsieur Fleury,
Permettez à la femme d’un jeune général de venir vous remercier du fond de son cœur de votre excellent article qui nous a fait un plaisir extrême et qui m’a vivement touchée. Il est plein de cœur, rempli de grandes vérités et d’affection pour nous ; aussi a-t-il été apprécié selon son mérite ; la Reine et toute la famille unissent l’expression de leur reconnaissance à la mienne.
On a, dans ce moment, un véritable besoin de consolation ; cette guerre, qu’Aumale suit avec un si vif intérêt, est une bien cruelle épreuve ; je crois que mon pauvre mari n’a jamais souffert autant : il voit cette brave armée française, dont il a si souvent partagé les travaux et la gloire, engagée dans une grande guerre sans pouvoir s’associer à ses dangers et à son sort. Bien, souvent je lui ai entendu dire : « Si je pouvais commander un régiment, j’en serais bien heureux ! » Il est, parfois, d’une tristesse fort peu en harmonie avec son caractère ordinairement si gai et si ( ? ) des événemens. Je souffre pour lui, avec lui, et je comprends parfaitement combien tout ce qui se passe doit être dur et pénible pour son cœur vraiment, et avant tout, français. »