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LETTRES AU DUC D’AUMALE

II.[1]
1842-1846 — 1854-1855


Chantilly, 10 septembre 1842.

Merci de votre lettre, mon cher Prince ; recevez aussi mes complimens de votre promotion[2]. Vous allez faire un beau voyage et aborder enfin le côté un peu élevé de votre carrière ; tout cela doit être selon votre cœur et conforme à vos goûts. Il est impossible que l’horizon de votre esprit ne s’étende pas avec

  1. Voyez la Revue du 15 mai.
  2. Promu maréchal de camp, le Duc d’Aumale était appelé au commandement de la subdivision de Médéah. Il quittait avec regret le 17e léger. Une note consignée parle maréchal de Castellane dans son Journal (t. III, p. 269) montre comment le jeune colonel du vieux régiment (Autran) faisait son service :
    « 8 mars 1842. — Ce soir, chez le Roi, j’ai causé assez longuement avec le Duc d’Aumale. « Je ne découche jamais de Courbevoie, m’a-t-il dit. Je m’occupe constamment de mon régiment ; les officiers du 17e léger se plaisent à dire que, s’ils ont mieux valu que d’autres en Afrique, ils le doivent à l’instruction et aux habitudes militaires que vous leur avez données ; je travaille à mettre le 17e léger sur un pied de guerre qui puisse contenter même le général de Castellane. »
    On retrouve la preuve de cette régularité que s’imposait le jeune colonel, dans une lettre qu’il écrivait à un de ses plus anciens camarades de collège :
    Courbevoie, octobre 1841.
    «… Tu vas donc enfin travailler et prendre la vie au sérieux : c’est bienheureux ; pour moi, je suis toujours dans les mêmes dispositions laborieuses ; le régiment et l’étude, mais l’étude sérieuse, occupent mes journées ; ma famille, les réunions d’officiers, rarement le spectacle, me font agréablement passer les soirées ; mais jamais minuit et demi ne me trouve hors de Courbevoie : un chef de corps doit donner l’exemple d’une vie régulière et de la soumission au règlement. Pour toi, persévère dans tes bonnes dispositions… »