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Il avait proposé qu’on déclarât les États du Sud libres de former entre eux « une union allemande qui jouira d’une existence nationale indépendante. » Ces mots n’avaient pas été reproduits dans les préliminaires de Nikolsburg, et l’Autriche n’avait élevé aucune objection contre cette suppression. L’Empereur demanda leur rétablissement. L’article consacrant la rétrocession par l’Autriche à la Prusse de tous ses droits sur le Sleswig-Holstein ne mentionnait aucune réserve en faveur des Danois du Sleswig. Bismarck ne soupçonnait pas que l’Empereur, qui n’avait pas exigé le vote des populations avant d’approuver l’annexion de Hanovre, de la Hesse, de Francfort, de Holstein, du Sleswig méridional, et qui avait, dans le projet de traité belge, stipulé à son profit le droit de conquête, attacherait encore la moindre importance à la consultation des Danois du Sleswig. Quand il connut le rétablissement des mots omis, sachant que Bade et le Wurtemberg étaient résolus à ne point entrer dans la Confédération du Sud, il consentit à cette fantaisie platonique. Les difficultés et les longueurs vinrent des clauses relatives à l’Italie. Bismarck eût voulu que, d’une manière quelconque, par exemple en faisant intervenir le vœu des populations, l’Autriche parut faire directement la transmission de Venise à l’Italie. L’Empereur ne demandait pas mieux, mais François-Joseph fut inflexible : il ne voulait céder Venise qu’à Napoléon III, et les Italiens eurent beau redire qu’ils préféraient prendre Vérone d’assaut que de la recevoir de la main d’un commissaire français, il fallut bien qu’ils en passassent par-là. Ils eurent même, ce qui leur parut le suprême désagrément, l’ennui de voir l’Empereur mentionné comme l’auteur de la cession qui allait constituer leur titre.

Le traité fut signé à Prague le 23 août 1866. Il était, à peu de chose près> la reproduction des préliminaires de Nikolsburg. L’Autriche reconnaissait la dissolution de la Confédération germanique et donnait son assentiment à une organisation nouvelle de l’Allemagne à laquelle elle ne participerait plus. Son empereur promettait de reconnaître l’Union fédérale étroite « qui sera fondée par Sa Majesté le roi de Prusse au nord de la ligne du Mein, » et déclarait consentir à ce que « les États allemands, situés au sud de cette ligne, contractent une union dont les liens nationaux feront l’objet d’une entente ultérieure entre les deux parties, et qui aura une existence internationale indépendante