et toute l’Allemagne y sera. » Et, comme Govone faisait de la tête un signe de dénégation : « Je suis bien heureux, reprit l’officier, d’apprendre de vous que nous n’aurons pas la guerre avec la France ; l’armée ne la désire pas, et le Roi non plus. »
De la conduite que suivrait l’Empereur dans cette crise de l’esprit national et de l’esprit européen, dépendaient les destinées de l’Europe, de la France et de l’Empire.
Ses conseillers lui persuadèrent qu’à l’intérieur il n’y avait qu’à serrer les freins et à arrêter les tentatives d’émancipation que l’amendement des 44 avait révélées. Un sénatus-consulte du 18 juillet 1866 édicta « que la Constitution ne pouvait être discutée par aucun pouvoir public autre que le Sénat dans les formes qu’elle détermine. » La polémique des journaux fut surveillée de près, et un décret de suspension fut rendu contre l’un des plus agressifs, l’organe de prédilection des vieux partis : le Courrier du dimanche (2 août 1866). Les termes du rapport de La Valette à l’Empereur étaient des plus emportés : « La critique sévère, injuste même, des actes du gouvernement n’est que l’exercice légitime d’un droit nécessaire dans un pays libre, et ce droit est pleinement exercé par la presse en France ; mais le tableau détestable de la France humiliée, impuissante, abaissée, dégradée, est à la fois un audacieux mensonge à la vérité, une injure calomnieuse envers le pays, une attaque à l’honneur de la nation, une excitation éhontée à la révolte, au renversement des institutions et du gouvernement. » A l’appui de ces sévérités, le rapport citait : « La France est une dame de la cour très belle, aimée par les plus galans hommes, qui s’enfuit pour aller vivre avec un palefrenier. Elle est dépouillée, battue, abêtie un peu plus tous les jours, mais c’en est fait ; elle y a pris goût et ne peut plus être arrachée à cet indigne amant. »
Paradol se plaignit de l’inexactitude de la citation : on en avait supprimé le début. « Dans un des voyages de Gulliver, à l’île de Laputa, on raconte l’histoire d’une dame, etc. » et la fin : « Cette histoire me revient à l’esprit quand je vois la France attentive à la voix du Constitutionnel et cherchant à lire sa destinée dans un tel oracle. » Il se plaignit qu’on eût tourné une épigramme contre un journal en un outrage contre le chef de