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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 avril.


Le voyage de M. le Président de la République en Algérie a donné lieu à des manifestations et à des incidens qui se rattachent à notre politique générale, soit au dedans, soit au dehors. Nous n’insisterons pas sur les cris nombreux de : Vive Revoil ! avec lesquels il a été reçu sur la terre africaine, et qui l’y ont accompagné presque partout. Les causes de la démission de M. Revoil sont encore mal connues ; mais que le gouvernement ait commis une faute grave en la rendant inévitable, tout le monde en a été d’avis : on avait rarement vu une pareille unanimité d’opinion dans la presse. L’absence du gouverneur général a mis comme une ombre à côté de M. le Président de la République, et en Algérie les ombres sont particulièrement dures.

L’accueil fait à M. Loubet n’en a pas moins été très sympathique. L’Algérie était heureuse et fière de voir sur son territoire le premier magistrat de la République. Dans ce pays du soleil, tout prend un éclat et un relief singuliers : le cadre des fêtes était magnifique, la foule bruyante et animée, la couleur locale vive et chatoyante. Au milieu de tout cela, M. Loubet tenait des propos admirables : la sagesse coulait de ses lèvres. Il parlait comme Mentor aurait pu le faire à un Télémaque qui d’ailleurs n’était pas là et ne l’écoutait pas. Évidemment, bien des choses seraient changées si sa politique était celle de son gouvernement ; mais il n’en est rien ; et, pendant que M. Loubet parlait dans un sens, M. Combes agissait dans un autre. Ce contraste donne l’impression qu’il y a quelque chose de déséquilibré dans la République. On ne nous ôtera pas de l’esprit que,