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occidentales de la Cité Tartare de Pékin. Il occupait la partie ouest d’un ensemble comprenant : une chapelle et une résidence de Lazaristes ; un hôpital, pourvu d’un dispensaire ; une résidence de Frères Maristes et une école annexée. La plupart des Pères Jésuites, des évêques de Pékin et des Européens établis dans cette ville avaient été, depuis 1610, enterrés dans cet enclos, qui était, par conséquent, un monument historique du plus haut intérêt.

Or, le 7 juin 1900, dix jours avant que les amiraux des escadres alliées eussent sommé de se rendre les forts de Takou, trois jours avant la nomination du prince Touan à la Présidence du Tsong-li-Yamen, les sœurs de l’hôpital, les Pères Lazaristes et Maristes, vinrent demander asile au grand établissement catholique du Pétang, centre de la Mission Lazariste, siège du Vicariat Apostolique et résidence de l’évêque de Pékin. Ils annonçaient que tous les bâtimens de Cha-la-eurl avaient été renversés, leurs ruines réduites en miettes, la nécropole historique bouleversée de fond en comble, toutes les tombes profanées et vidées.

La Mission était déjà virtuellement bloquée par les suppôts de Tong-Fou-Hsiang. Elle ne fut délivrée par le général Frey que le 16 août, juste au moment où la famine allait la faire tomber, après une héroïque défense de soixante-cinq jours, aux mains de ces bandits. Ils eurent tout le temps de parachever à loisir leur œuvre, et s’acquittèrent de ce soin de façon à prouver que, quand les Chinois travaillent mal ou mollement, il ne faut en accuser que leur mauvaise volonté.

Ma visite à ce dépôt de tant de souvenirs fut retardée jusqu’au 18 octobre. Elle faillit même subir un nouveau délai. La veille, en effet, une corvée de coolies au service de la France, escortée par un peloton d’artilleurs annamites commandés par un sous-officier européen à cheval, avait surpris, tout près de la maison du gardien de Cha-la-eurl, une bande de « Boxeurs » en train de « rendre la justice » à des Chinois aux gages de notre armée. Ils les tailladaient à coups de sabre. Habilement tournés par le cavalier, chassés et rejetés sur les Annamites, quatre de ces malandrins avaient été capturés, ficelés et déposés en mains et bleu sûrs. Notons que le théâtre de ce petit drame est à un kilomètre à vol d’oiseau du mur ouest de la Cité Tartare, et de la porte Ping-tze, à quelques pas des dernières maisons d’un assez gros faubourg qui la précède.

Le bruit avait couru qu’un exemple serait fait, et les Boxeurs fusillés le lendemain au lieu même où ils avaient été pris. L’occasion était excellente de faire d’une pierre deux coups. Mais, quand J’allai