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naturelles, produits que l’on peut diviser en deux catégories : 1° ceux qui sont identiques à l’essence que l’on extrait de la plante, comme la vanilline (dont la matière première est l’essence de girofle), l’aldéhyde cinnamique (essence de cannelle), l’acétate de linalyle (essence de bergamote), le géraniol et le rhodinol, tous deux principes constituais de l’essence de rose ; 2° ceux qui ne sont que des succédanés, comme l’aldéhyde toluique (odeur de jacinthe), l’aldéhyde anisique (odeur d’aubépine), l’ionone (odeur de violette), l’héliotropine (odeur d’héliotrope), le terpinéol (odeur de lilas).

3° Enfin, quelques produits de synthèse partielle, tels que les chlorhydrates de térébenthine (camphres artificiels), le camphre synthétique (identique au camphre naturel).

Toutes ces substances, au premier rang desquelles il faut placer la vanilline, l’ionone et les muscs artificiels, n’offrent ni la fixité, ni la suavité, ni les principales qualités des essences extraites des plantes elles-mêmes. Cela s’explique : par une analyse des plus minutieuses, on a reconnu que les parfums naturels ne doivent pas, en général, être considérés comme dus à une substance unique, mais comme la résultante de l’action de diverses substances dont le mélange constitue l’essence naturelle, la variation d’une de ces substances, dans des proportions même très faibles, pouvant altérer complètement le caractère du parfum naturel. Aussi n’est-ce qu’en mélangeant, dans des proportions convenables, des produits définis tels que ceux que nous avons énumérés tout à l’heure, que l’on peut arriver, plus ou moins péniblement, à fabriquer des parfums rappelant les parfums naturels.

La chimie des parfums, encore à ses débuts, est donc loin de présenter le caractère de précision de la chimie des couleurs ; elle est plus empirique que scientifique. N’importe ! elle dispose déjà de ressources qui ne peuvent que s’accroître et les fabricans de parfums naturels feront bien de toujours mettre leur matériel et leurs procédés en harmonie avec les progrès de la science. Dans le cas contraire, en effet, ils pourraient, un jour ou l’autre, se voir distancés : 1° par l’emploi de moyens rationnels permettant, grâce à la séparation méthodique de certains élémens, soit d’affiner la qualité des produits naturels, soit d’améliorer le rendement d’une récolte accidentellement mauvaise ; 2° par l’emploi ou la découverte de succédanés ou de produits