Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/858

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Leblanc disparues, une fois les dépôts de Stassfurt et les dépôts analogues épuisés, on pourra se procurer l’acide chlorhydrique nécessaire à l’industrie. L’extraire du sel marin à l’aide de l’acide sulfurique, il n’y faut pas songer, le sulfate de soude que l’on obtiendrait concurremment avec cet acide étant un sel sans valeur. Cependant, on a besoin de cet acide pour la préparation des chlorures métalliques, du chlorure d’ammonium (sel ammoniac), de certaines matières colorantes organiques (la fuchsine, par exemple), pour extraire la gélatine des os, décaper les métaux, revivifier le noir animal dans les sucreries, épailler les laines, laver les sables et argiles employés en céramique, etc.

À cette question, la réponse est facile :

Il suffira d’avoir recours au procédé synthétique, déjà essayé dans certaines usines, qui consiste à provoquer l’union directe du chlore et de l’hydrogène en les faisant passer simultanément à travers une longue colonne de charbon de bois, grossièrement pulvérisé et légèrement chauffé : le charbon agit par catalyse et l’acide chlorhydrique obtenu est envoyé dans une tour d’hydratation d’où il sort à l’état de solution commerciale.

Autre question, plus intéressante encore :

La race blanche vit essentiellement de pain et ne pourrait vivre d’autre chose sans transformer profondément, comme le fait observer Crookes, sa psychologie et sa civilisation. Or, tandis que le nombre des blancs augmente sans cesse, les terres à blé ne sont pas indéfiniment étendues, et on peut prévoir le moment où elles ne pourront fournir tout le blé nécessaire à la consommation de notre race. Il y a bien la ressource de la culture intensive ; mais cette culture exige l’emploi des engrais chimiques, des azotates en particulier. Où prendre ces azotates, le jour où les gisemens d’azotate de soude, dont l’exploitation est si active, seront épuisés ? Comme l’azotate de soude est une combinaison d’acide azotique et de soude, le problème revient, ’en définitive, à trouver un procédé simple et économique permettant de fabriquer l’acide azotique avec ses élémens principaux, l’azote et l’oxygène.

Cette fabrication est-elle possible ? Oui, car l’azote, ce gaz relativement inerte, perd cette inertie sous l’influence de l’électricité à haute tension. Soumis à une série d’étincelles électriques, il devient, comme on l’a démontré depuis longtemps, capable de s’unir directement à l’oxygène, en formant un gaz,