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électriques ou non. Seule cette façon d’agir présente des garanties suffisantes au point de vue de la certitude d’une marche immédiate et de l’établissement exact du prix de revient.

Les soudières Leblanc étant appelées à disparaître, l’acide sulfurique n’est plus l’agent de transformation dont il était impossible à la grande industrie chimique de se passer, et, dès lors, on peut se demander si la fabrication de cet acide, elle aussi, n’est pas sérieusement menacée. N’en croyons rien ! D’année en année, au contraire, on constate une augmentation sensible dans la production de l’acide sulfurique, et cela se conçoit : indispensable à la fabrication des engrais artificiels (sulfate d’ammoniaque et superphosphates), il sert encore à la préparai l’on des acides minéraux et organiques (acides carbonique, azotique, acétique, tartrique, etc.), au raffinage des huiles, à la fabrication des aluns, des vitriols, de l’éther, du glucose, des matières colorantes organiques, du papier parchemin, au chargement des accumulateurs électriques, à l’affinage des métaux précieux, etc.

Toutefois, à l’avenir, ce n’est plus la méthode, vieille de près de deux siècles, dite des chambres de plomb, qui fournira cet acide, c’est une méthode synthétique, simple dans son principe mais délicate dans son application, que Winckler, après des années de recherches, a réussi à faire passer du laboratoire des savans dans les usines des praticiens.

Mais d’abord, en quoi consistait cette antique méthode des chambres de plomb ? À transformer rapidement en acide sulfurique, à l’intérieur de grandes chambres tapissées de plomb, un mélange de gaz sulfureux, de vapeur d’eau et d’air, mis en présence d’une quantité convenable d’acide azotique. Cet acide azotique, simple véhicule, emprunte à l’air son oxygène et le fournit au gaz sulfureux, que cette oxydation, en présence de la vapeur d’eau, transforme en acide sulfurique. Il est certain que, si l’on veut, l’acide que donnent ces réactions peut être regardé comme un produit de synthèse, car, depuis longtemps, on est arrivé à régénérer la presque-totalité de l’acide azotique. Malheureusement, dans ce mode de fabrication, la matière catalytique, comme disent les chimistes, c’est-à-dire la substance qui, sans apparaître dans les produits ultimes de la réaction, augmente la vitesse de celle-ci, est mal choisie à tous les points de vue : économie et qualité du produit obtenu. Il faut, en effet, concentrer