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LA DISPARITION DE L’ARGENT
COMME MÉTAL MONÉTAIRE

UNE RÉVOLUTION ÉCONOMIQUE

Lorsqu’il y a sept ans, nous écrivions, dans la Revue, un article sur la Hausse du blé et la baisse du métal argent, nous ne faisions que noter un des épisodes de la transformation monétaire dont le globe est le théâtre, et démontrer combien le phénomène économique de la variation des prix est indépendant de la quantité de métaux précieux qui circulent sous forme de monnaies. Aujourd’hui qu’un cycle s’accomplit, que la quasi-unanimité des nations civilisées a adopté ou est à la veille d’adopter l’or comme seule monnaie à force libératoire illimitée, il convient de résumer l’état de la question, de rappeler le chemin parcouru depuis un quart de siècle ; puis, tout en expliquant l’importance du résultat obtenu et le triomphe de la saine doctrine monétaire, de rassurer ceux qui prédisaient que la déchéance du métal blanc, d’une fonction qu’il avait remplie pendant des siècles, serait le signal de maux incalculables pour l’humanité. Ce sera aussi l’occasion de ramener à de justes proportions le rôle de la monnaie métallique dans les transactions et d’analyser les élémens subtils et complexes qui contribuent à en fixer la valeur.


I

La baisse de l’argent n’a commencé, dans les temps modernes, à prendre de proportions notables qu’au cours du