criminelle, le second d’augmenter le budget de la Guerre pour 1903, le troisième enfin d’ouvrir une enquête sur la situation des ouvriers des chemins de fer. En les déposant devant la Chambre, M. Kuyper a fait une déclaration énergique. « Le trouble, a-t-il dit, survenu à la fin de janvier dans les chemins de fer a pris le gouvernement au dépourvu. Pas un ministère n’en avait eu vent. N’étant pas du tout préparé à la défense, le gouvernement ne la tenta pas au moment même. L’essayer alors que les moyens manquaient, tâtonner, il n’y fallait pas songer : c’aurait été aggraver le mal au lieu d’y remédier. Mais, lorsque la fin rapide du premier conflit ne produisit pas de détente, et que les menaces devinrent de plus en plus hautaines, les autorités compétentes requirent les troupes. » Après avoir constaté l’efficacité immédiate de ces mesures, M. Kuyper continue ainsi : « Cependant, si l’ouragan s’est dissipé, tous les nuages n’ont pas disparu. La grève récente a révélé dans la constitution de l’État et dans la législation des lacunes qui doivent être comblées. » C’est pour les combler que le gouvernement a déposé ses trois projets.
Nous n’avons pas besoin de dire qu’ils ont soulevé des protestations indignées parmi les ouvriers. Leurs syndicats se sont réunis, se sont mis en rapport les uns avec les autres, et ont annoncé que, si les projets de loi étaient votés, ils y répondraient par la grève générale. L’effervescence a été grande pendant quelques jours. Des meetings incendiaires ont été tenus. Des manifestes virulens ont été lancés. L’indiscipline a été ouvertement prêchée aux soldats. Il serait inexact de dire que cette émotion commence à se calmer ; mais elle revêt une autre forme, celle d’un vaste pétitionnement auquel, indépendamment des ouvriers et des révolutionnaires, les libéraux prennent une large part ; enfin elle se porte plus spécialement sur un des projets de loi, celui qui introduit certaines réformes dans le Code de jurisprudence criminelle. Après s’être élevée contre l’enquête, qui était inutile, à l’entendre, et ne pouvait avoir d’autre but que de faire perdre du temps, l’opposition s’y résigne et se contente de faire remarquer, non sans quelque apparence de raison, qu’il conviendrait d’en attendre les résultats avant de modifier la législation criminelle. Quant à l’augmentation du budget de la Guerre, elle a pour objet de créer une brigade militaire dans les chemins de fer : l’opposition demande des explications à ce sujet, sans s’y opposer d’une manière absolue. Elle garde toutes ses forces pour combattre le premier projet, le plus important à coup sûr, car il interdit sous des peines sévères toute atteinte à la liberté du travail et assimile les employés des chemins