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de dimension moyenne, où communient entre elles, chaque semaine, les veuves et les filles des professeurs d’antan. Les savans, qui ont pu saper des religions, n’ont jamais su en fonder. Mais en Autriche les destinées du vieux-catholicisme furent différentes. M. Nittel, un ancien prêtre, conquit à la jeune Eglise, il y a trente ans, les sympathies de quelques industriels de Warnsdorf ; et grâce à ces fabricans, qui donnaient le branle à la conscience de leurs ouvriers comme ils le donnaient à leurs muscles, le vieux-catholicisme, en cette petite ville, devint une grande puissance. Il poussa quelques pointes, de-çà de-là, vers le centre de l’Empire, même jusqu’à Vienne ; et l’on évaluait à 10 580, à la fin de 1897, le chiffre total de ses adeptes en Autriche, M. Nittel surveillait les impatiences pangermanistes : en 1898, par une brochure assez tapageuse : « Los von Prag und Los von Rom, Rompons avec Prague et avec Rome, « il se mit à la disposition de M. Schœnerer.

Il oubliait que certaines détresses ne se réparent point, même à force de bon vouloir : les vieux-catholiques d’Autriche, tout comme ceux d’Allemagne, manquent de clergé. Il n’y a pas de prêtres, ou presque pas, qui soient nés dans le vieux-catholicisme, qui y aient été élevés. Il accueille, charitablement, d’anciens ministres de l’Eglise romaine, leur offre un asile pour la nuit qu’ils traversent ; mais devenus âmes errantes d’anciens pasteurs d’âmes qu’ils étaient, il n’est pas rare qu’à l’orient de leur nuit ils entrevoient la faculté de théologie protestante de Vienne, et que, désertant à son tour l’hospitalière chapelle de M. Nittel, ils s’en aillent demander à la grande Eglise évangélique un peu de science, un peu de foi, et quelque sécurité d’existence. Avec de telles recrues, le clergé vieux-catholique est sans cohésion ; et s’il avait dû dire des messes allemandes pour tous les Allemands que M. Schœnerer rêvait d’arracher à la messe latine, il eût dû se récuser, faute de célébrans.

C’est ce qu’on sentait en Autriche ; et sans dédaigner l’initiative empressée de M, Nittel, le pangermanisme saluait plutôt dans la Réforme l’héritière présomptive de Rome, La confession d’Augsbourg avait en Autriche, en 1898, 313 828 adeptes ; la confession helvétique en comptait 120 524. Pleine liberté était reconnue à ces deux Eglises, depuis la Magna Charta de 1861 ; et comme à Vienne les candidats en théologie sont peu nombreux, elles étaient autorisées à élire des pasteurs originaires de