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L’ALLEMAGNE EN AUTRICHE

UN ÉPISODE D’HISTOIRE RELIGIEUSE
(1898-1902)

Au printemps dernier, en parcourant le nord de la Bohême, on se fût cru reporté vers l’âge héroïque des luttes religieuses, vers ce XVIe siècle où les joutes théologiques se déroulaient, interminables, sous le regard tourmenté des empereurs et des rois. Les peuples, aujourd’hui, à cet égard comme à tant d’autres, ont pris la succession des souverains ; les joutes modernes ont pour champ clos les journaux, et pour juges leurs abonnés. Aux environs de Pâques 1902, dans les gazettes locales ou les « feuilles d’intelligence » de Tœplitz ou d’Aussig, de Teschen ou de Reichenberg, la quatrième page elle-même était envahie par le catéchisme : elle contenait, au lieu d’annonces, des exposés d’apologétique catholique adressés par les Bénédictins de Prague, et volontiers insérés moyennant finances. Trois ou quatre jours après, survenait la réponse de quelque théologien adverse, qui prêchait la rupture avec Rome. Puis, la réplique était aux catholiques, et le combat ne finissait jamais, car il y avait toujours des combattans, toujours des argumens ; et toujours des pasteurs accouraient d’Allemagne, pour succéder à leurs coreligionnaires fatigués. La discussion déviait sans cesse : car les avocats du catholicisme traitaient du Christ et de son Eglise, et c’est surtout de l’Allemagne et de sa grandeur que parlaient les avocats du protestantisme, fort différens, on le voit, de ces mystiques de haute allure qui, quatre cents ans en arrière,