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on se contente d’y dire que l’inspecteur général nommé pour un nombre d’années déterminé ne pourra être révoqué sans que les puissances aient été préalablement consultées. Il est naturel qu’Abdul-Hamid, qui devait s’attendre à des exigences plus considérables, se soit empressé de donner son adhésion à un programme aussi modeste, et où son autorité souveraine est si scrupuleusement respectée. Nous voudrions croire, du moins, que la rapidité même avec laquelle il l’a fait est une garantie de sa sincérité.

En tout cas, pour que le programme austro-hongrois produise tout l’effet qu’on en attend, il importe de l’appliquer immédiatement, de manière que les résultats heureux en soient sentis tout de suite ; sinon l’état des esprits restera le même, c’est-à-dire éminemment favorable à une explosion révolutionnaire. L’opinion bulgare est mécontente. La Serbie est plus calme. Quant à la Grèce, elle fait des efforts pour attirer l’attention sur elle ; ses comités commencent à se remuer ; ils envoient des télégrammes en Europe pour affirmer que c’est d’elle, et non pas de la Bulgarie, que la Macédoine attend sa délivrance. Les Albanais qu’on a parlé de désarmer, mais qui ne se seraient pas laissé faire, et qui comptent sur l’appui de l’Autriche, restent irrités et beaucoup plus disposés à étendre leurs privilèges qu’à supporter qu’on y apporte la moindre restriction. Enfin l’état des Balkans n’est rien moins que rassurant, et il faudrait peu de chose pour y allumer l’incendie. Nous venons d’assister au premier acte de l’intervention européenne : il n’est pas probable que ce soit le dernier,


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

F. BRUNETIERE.