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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




28 février.


La Ligue de la liberté de l’enseignement a adressé à ses adhérens une sorte de consultation sur la conduite à suivre dans les circonstances actuelles. Le gouvernement n’a jamais été plus actif qu’aujourd’hui dans l’application de la loi contre les congrégations ; il ferme, en ce moment même, une quantité considérable d’écoles, et il a trouvé le moyen de le faire sans bruit, en provoquant le moins de résistance possible, ou même sans en provoquer aucune. À l’encontre de ces actes gouvernementaux, les citoyens ont un devoir, qui est de veiller à ce que ce soit bien la loi qu’on leur applique. La Ligue rappelle, dans le document qu’elle vient de publier, le double but qu’elle s’est donné, et qui consiste : 1° à convaincre les esprits de l’importance du droit d’enseigner ; 2° à montrer ce qu’est notre législation, et à l’aide de quelles armes légales les citoyens peuvent défendre leurs droits. Les citoyens s’abandonnent d’autant plus facilement à l’arbitraire administratif qu’ils connaissent moins bien ces droits. Aussi la ligue s’applique-t-elle à les leur faire connaître, et à quoi servirait-elle si ce n’était tout d’abord à cela ?

En ce qui concerne les écoles libres, la situation est la suivante. Il y a 8 000 écoles environ qui ont formé une demande d’autorisation dans les délais légaux, et 4 000 après l’expiration de ces délais. Les écoles de la première catégorie ont continué de fonctionner jusqu’ici, sauf à se fermer si l’autorisation leur est refusée, et c’est ce qui arrive de plus en plus. Leurs demandes auraient dû être soumises au Conseil d’État ; c’est du moins ce que tout le monde avait compris au moment de la discussion et du vote de la loi ; mais