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UNE VIE D’AMBASSADRICE
AU SIÈCLE DERNIER

III[1]
DE LONDRES A PARIS

En 1829, le conflit turco-russe continuait à se répercuter à Londres en de pénibles et fâcheux contre-coups. Il envenimait les rapports du gouvernement moscovite avec le Cabinet anglais. Les dissentimens entre les deux cours étaient de toutes les heures ; quand on les croyait apaisés, ils renaissaient, exploités avec une rare violence contre le ministère tory que présidait Wellington par la double opposition des whigs et des radicaux. Unie étroitement aux chefs de ces partis et notamment au plus illustre de tous, le comte Grey, la princesse de Liéven apportait dans ses relations officielles avec les membres du gouvernement un esprit d’autant plus hostile et frondeur que, malgré tout, elle demeurait l’objet de leurs attentions et de leurs prévenances comme s’ils eussent eu à cœur de racheter ainsi l’hostilité non déguisée que leur inspirait la politique de la Russie en Orient. La princesse se savait redoutée ; elle en profitait pour intriguer sans cesse contre ces ministres qu’elle considérait comme les ennemis de son pays.

  1. Voyez la Revue des 1er janvier et 1er février.