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LA LIBÉRATION
DU
TERRITOIRE

CORRESPONDANCE DE M. THIERS
(3 mai 1871 — 27 septembre 1873)

Toute l’histoire de deux années, et de deux des plus critiques, des plus tragiques années que la France ait vécues depuis qu’il y a une France au monde, est là dans cette correspondance, recueillie par une main pieuse, et non point publiée, mais imprimée pour que l’on sache et que l’on se souvienne, comme un hommage et comme un témoignage. Quel monument élevé à la mémoire d’un grand mort pourrait égaler celui-ci ? et quelle meilleure justification de l’épitaphe gravée sur une tombe illustre : Patriam dilexit ? Où verrait-on plus clairement et plus sûrement qu’ici combien il aima sa patrie, — et de quelle foi agissante, de quelle ardente dévotion, de quel soin vigilant et attentif à toute chose ! — l’homme qui, déjà entré dans la vieillesse et dans la gloire, accepta la tâche écrasante de libérer et de relever « la noble blessée ? »

Assurément, avant que ces lettres fussent connues, chacun de nous sentait bien ce que nous devons tous à M. Thiers, et il y aurait eu, à ce qu’un seul Français l’ignorât, comme une ingratitude nationale. Mais, par ces lettres, nous le sentons infiniment plus et infiniment mieux encore. Que de ressources en