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de la réserve autrichienne se fussent portées dès l’aube du 2 juillet au-devant des têtes de colonne de la 2e armée prussienne ! En se répandant sur tout le front de marche et en utilisant les accidens de terrain que signale le maréchal de Moltke, pour tendre de tous côtés des embuscades, ils auraient harcelé sur tous les points et à tout instant les colonnes ennemies, en ayant recours, suivant les circonstances, soit au sabre, soit au canon, soit à la carabine. On peut être sûr que l’armée du prince royal, ainsi retardée au passage de l’Elbe, puis au passage de la Trotina, ne serait jamais arrivée à temps sur le champ de bataille de Kœniggraetz. Peut-être même aurait-elle été complètement annihilée. Sadowa eût été une victoire pour l’Autriche, au lieu d’être un désastre.

On s’est demandé si Benedeck était informé du mouvement de l’armée du prince royal. Les combats précédens de Trautenau, de Nachod, de Skalitz, avaient dû suffisamment l’éclairer sur la position de la 2e armée prussienne sur son flanc droit.

Il faut aussi faire remarquer que la cavalerie autrichienne tenant à n’opérer qu’en masse et ne battant pas l’estrade, avait complètement négligé d’éclairer le général en chef sur ce qui se passait à sa droite. Mais déjà, dans la matinée du 3 juillet, un télégramme de Josephstadt annonçait le passage de fortes colonnes s’avançant du Nord-Est vers le Sud-Ouest. Il était donc encore temps d’intervenir avec les 5 divisions de cavalerie de réserve.

Comme nous voilà loin d’Henri IV partant avec 900 chevaux et précédant son armée de quatre jours de marche pour se porter à la rencontre des troupes de la Ligue, dans l’espoir, avec sa poignée d’hommes, de les jeter dans la Saône, pendant qu’elles en opéreraient le passage.

Était-ce donc que la cavalerie autrichienne fût incapable de jouer un tel rôle ? Ce qui s’est passé en Lombardie prouve le contraire. Il eût suffi de lui indiquer ce qu’elle devait faire.

Sur l’Adige, l’archiduc Albert, qui commande l’armée autrichienne contre les armées italiennes, sait employer sa cavalerie et en tirer un excellent parti.

Dès le début des hostilités, l’archiduc, dont l’armée borde l’Adige, de Vérone à Badia, se couvre d’un côté sur le Mincio, par un rideau formé par la brigade de cavalerie du colonel Pulz, soutenue par un bataillon de chasseurs établi à Custozza,