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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 février.


Il y a eu trop, beaucoup trop d’incidens militaires depuis quelques jours : quelle que soit l’explication qu’on donne à chacun d’entre eux, leur multiplicité est un grand mal. Nous n’en signalerons que deux : l’un s’est produit à Poitiers, l’autre à Clermont-Ferrand. Le second a eu, dans la disgrâce infligée au général Tournier, une conséquence imprévue sur laquelle le dernier mot n’est pas dit, puisqu’une interpellation a été déposée à la Chambre des députés, mais n’a pas encore été développée.

L’incident de Poitiers n’est pas le plus important : nous n’en parlerions même pas s’il s’agissait seulement du fait qui lui a donné naissance. Les canonniers d’une batterie du 33e d’artillerie se sont rendus la nuit, sans autorisation, à un bal public aux environs de la ville, et sont rentrés par groupes au quartier. Ils méritaient une punition ; mais, a déclaré le colonel Laffon de Ladébat dans un ordre qui a été lu devant chaque batterie du régiment, il leur a été tenu compte de leur bonne conduite habituelle, et l’affaire a été considérée, en ce qui les concernait, comme une simple peccadille. Le colonel, il est vrai, a ajouté que, si pareil fait venait à se reproduire, il sévirait avec la dernière rigueur : on punira demain. Mais ce n’est pas à ce passage de l’ordre du jour que s’adressent nos critiques. Pour justifier, ou du moins pour excuser leur conduite, les canonniers du 33e d’artillerie se sont plaints d’un de leurs officiers qui montre à leur gré trop de zèle, passe toute sa journée à la caserne, et leur a refusé la permission dont ils se sont si bien passés. Qu’ils aient tort ou raison, ce n’est pas ici la question. Nous ignorons si les griefs des canonniers du 33e étaient fondés contre l’officier en cause ; nous ne voulons même