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LA
RELIGION COMME SOCIOLOGIE


I

« Une sociologie mythique ou mystique, conçue comme contenant le secret de toutes choses, tel est, selon nous, le fond de toutes les religions. Celles-ci ne sont pas seulement de l’anthropomorphisme ;… elles sont une extension universelle et imaginative de toutes les relations bonnes ou mauvaises qui peuvent exister entre des volontés, de tous les rapports sociaux de guerre ou de paix, de haine ou d’amitié, d’obéissance ou de révolte, de protection et d’autorité, de soumission, de crainte, de respect, de dévouement ou d’amour : la religion est un sociomorphisme universel. »

C’est à l’Introduction du livre de M. Guyau sur l’Irréligion de l’Avenir, — ce jeune philosophe aimait les titres à effet, — que j’emprunte cette définition de la religion, et, quoique Sociomorphisme soit assurément un peu rude, je la crois non seulement bonne, mais encore la meilleure que l’on puisse donner du fond commun de toutes les religions.

J’aurais toutefois aimé qu’en le définissant ainsi, M. Guyau se souvînt qu’Auguste Comte l’avait fait avant lui. J’ai tâché de montrer, dans une précédente étude, qu’il y avait non seulement une « métaphysique, » mais une « religion » d’impliquée dans les données premières du positivisme. Le caractère essentiel de cette religion est d’être conçue comme sociale ; ou plutôt, il faut dire davantage, et, dans l’évolution de la pensée d’Auguste Comte, « religion » et « sociologie » ne font qu’un. C’est par le chemin