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L’incertitude est la même lorsqu’il s’agit des animaux. L’être durable est-il une colonie ou un individu ? Il est impossible d’aller plus loin sans résoudre par avance cette première difficulté.


III

Le premier objet à examiner, c’est l’être élémentaire, et, avec lui, la vie élémentaire, et, par conséquent, la mort élémentaire.

L’analyse anatomique nous apprend que les êtres animés et les plantes sont résolubles en parties de moins en moins complexes, dont la dernière et la plus simple est l’élément anatomique, la cellule, organite microscopique qui, lui aussi, est vivant. Tous les êtres, complexes ou simples, totaux ou fragmentaires, collectivités ou cellules isolées, possèdent une même manière d’être ; ils présentent un ensemble de caractères identiques qui leur mérite la désignation univoque d’êtres vivans. La vie est essentiellement cette manière d’être commune aux animaux et aux végétaux considérés dans leur entier ou considérés dans leurs élémens. Saisir isolément ces traits universels, nécessaires, permanens, les synthétiser ensuite en un tout, c’est suivre la seule méthode vraiment scientifique pour définir la vie élémentaire et pour faire connaître, du même coup, les fondemens de la vie animale et de la vie végétale.

Ces traits caractéristiques de la vie élémentaire ont été suffisamment fixés par la science. — C’est, d’abord, l’unité morphologique. Tous les élémens vivans ont une composition morphologique identique ; c’est-à-dire que la vie ne s’accomplit et ne se soutient, dans toute sa plénitude, que dans des organites ayant la constitution anatomique de la cellule, avec son cytoplasme et son noyau, constitués sur le type classique. — C’est, en second lieu, l’unité chimique. La matière constitutive de la cellule s’écarte peu d’un type chimique, qui est un complexus protéique, à noyau hexonique, et d’un modèle physique, qui est une émulsion de liquides granuleux, non miscibles, de viscosité différente. — Le troisième caractère consiste dans la possession d’une forme spécifique, que l’élément acquiert, conserve et répare. — Le quatrième caractère, peut-être le plus essentiel de tous, consiste dans la propriété d’accroissement ou nutrition, avec sa conséquence, qui est une relation d’échanges avec le