beaucoup, et il me conte également ses ennuis politiques et particuliers. »
On a vu qu’au début de cette lettre, elle se plaint d’être indisposée. Il est certain que peu à peu, depuis son arrivée à Londres, sa santé était devenue fort précaire. Cette fois, cependant, l’indisposition n’était due qu’à des causes normales. Après dix-huit ans de mariage, elle commençait une cinquième grossesse, qui s’annonçait laborieuse et pénible. Le 5 octobre, à la veille de ses couches, elle l’annonce à son frère. « Vous savez mes aventures ; vous savez que je vais accoucher, lorsque je me doutais à peine que je fusse grosse. » Dix jours plus tard, elle met au monde un fils. « Malgré les appréhensions sérieuses, avec lesquelles clin voyait approcher cette époque, écrit son mari, elle n’a point eu de couches plus heureuses que celle-ci. » Ils eussent préféré une fille, « car on a assez de trois garçons, quelles que soient les espérances qu’ils promettent. » Le nouveau-né n’en est pas moins accueilli avec une joie émue et tendre par la mère. Entre tous ses enfans, il sera bientôt, avec le frère qu’elle lui donnera deux ou trois ans après, l’objet de ses prédilections.
Il n’y aurait pas lieu de s’attarder à cet épisode de la vie maternelle de Mme de Liéven, si de son temps, dans la société de Londres, il n’avait donné prétexte à des insinuations qu’il convient de rectifier. Dans des souvenirs inédits, que j’ai eu l’occasion de citer précédemment[1], la duchesse Decazes raconte que, lorsqu’elle est arrivée à Londres en 1821 comme ambassadrice de France et a connu AIm6 de Liéven, on désignait sous le nom d’ « enfant du Congrès » l’enfant né en 1819, ce qui équivalait à en attribuer la paternité à Metternich. Mais il suffit d’un rapprochement de dates pour démontrer que les dires dont la duchesse se fait l’écho manquent de fondement. La naissance est de la mi-octobre. Il y avait alors onze mois que Mme de Liéven s’était séparée de Metternich. Ils ne s’étaient pas revus dans cet intervalle, ainsi que le prouvent leurs pérégrinations réciproques. Le constater, c’est établir le caractère calomnieux de l’imputation dont, en cette circonstance et sur ce point, était victime Mme de Liéven.
A propos du même épisode, il faut signaler encore un incident
- ↑ Voyez le journal le Temps, 10 et 20 janvier 1898.