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LES VOLCANS SOUS-MARINS

Les terribles événemens qui se sont accomplis à la Martinique donnent un triste intérêt d’actualité aux questions qui touchent à l’économie des volcans, l’un des sujets à la fois les plus simples et les plus compliqués de la géologie. Les nombreux articles de journaux écrits à cette occasion montrent malheureusement que les notions, même élémentaires, relatives aux phénomènes éruptifs, sont encore assez peu répandues. Pour les résumer succinctement, il suffira de dire que les multiples formes des manifestations de l’activité volcanique, la nature des divers produits solides ou gazeux qui en émanent, laves, fumerolles, vapeur d’eau, acide sulfureux, acide chlorhydrique, acide carbonique et autres sont maintenant parfaitement connues depuis les travaux des savans qui se sont occupés de ces études et parmi lesquels on citerait, en France, Elie de Beaumont et Ch. Sainte-Claire Deville. En revanche, rien n’est connu, et l’on ajouterait volontiers, n’est susceptible d’être connu quant à la marche du cataclysme. On calcule les phases d’une éclipse, la trajectoire d’un cyclone, on peut prévoir les débordemens d’un fleuve, on ne peut pas prévoir une éruption volcanique. Les faits abondent, ils rentrent tous dans un certain nombre de catégories, on en a décrit des milliers, mais sans parvenir à formuler une seule loi absolument rigoureuse.

Un volcan demeure inerte pendant des siècles ; n’était son aspect extérieur si caractéristique, on le prendrait pour une montagne ordinaire ; son sommet se couvre de lacs, de forêts ; la