Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 13.djvu/589

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que celle de la Reine, dans laquelle il fut assassiné par Ravaillac. « Je ne saurais aller vous voir aujourd’hui, écrivait-il à un de ses familiers, parce que ma femme se sert de ma coche. » Les magistrats, les présidens au Parlement, se rendaient au Palais,

Comme au temps passé, sur leurs mules
Avec un clerc et sans laquais…

Les bourgeois modestes se contentaient de chausser, « pour se sauver des boues, » des galoches aussi justes que possible, avec lesquelles ils cheminaient péniblement le long des voies étroites et malpropres. Allaient-ils aux champs, une charrette couverte, garnie de bonne paille fraîche, servait à asseoir commodément « Mademoiselle » leur femme et les enfans, tandis que la chambrière les escortait sur un âne, et que le valet suivait à pied.

L’usage des carrosses s’établit rapidement sous Louis XIII ; voitures monumentales, dans lesquelles huit personnes s’entassaient et bien grossières encore : aux portières, des « bottes » de cuir où l’on mettait les jambes et dont l’usage se conserva jusqu’au XVIIIe siècle ; dans le fond, des appuis de crin, — les « custodes, » — destinés à amortir les cahots ; sur les côtés, des « mantelets » de peau s’abattaient, en guise de glaces. On les bouclait solidement, pour se garantir de la pluie et du froid, pour « faire printemps, » comme disait le surintendant Bullion. Mieux valait demeurer ainsi dans l’obscurité, que d’être exposé aux intempéries. Des montans sculptés portaient un ciel de bois, drapé d’étoffe, — l’impériale, — auquel s’attachaient des paremens de cuir, — les « gouttières, » — qui empêchaient l’eau de tomber à l’intérieur.

Le luxe tenait lieu de confort en ces véhicules primitifs, relevés de housses en velours, à passemens de Milan, et de livrées éclatantes, chamarrés de broderies, avec des roues dorées jusques au moyeu. Six chevaux, quatre au moins, traînaient ces massifs édifices ; leur caisse était posée sur deux essieux fixes ; le train de devant ne tournait pas, ce qui suffisait à rendre leur manœuvre très difficile dans la plupart des rues d’alors.

Le premier engin pour porter commodément, « de rues à autres, les personnes qui le désireront » fut la « chaise à bras, » découverte. Un capitaine au régiment des gardes, dès 1617, en fut concessionnaire. Vingt ans plus tard, un nouveau modèle de chaises portatives, couvert cette fois, était importé d’Angleterre. « En vue de les louer et en tirer profit, » le Sr de Cavoy,