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la selle de Monseigneur. » Les « sambues, » ou selles de grandes dames, sont recouvertes de drap d’or, de velours orné d’orfrois ; les femmes du peuple chevauchent à califourchon sur un cuir rembourré.

On ne voit pas que les litières fussent très goûtées, même chez les princes : sur une maison de 340 personnes, dont 53 employées à d’écurie, l’archiduc Philippe le Beau n’a que 3 « valets de litière, » en 1501 ; Yolande de Flandre, comtesse de Bar, qui entretient, en 1352, 31 chevaux, dont 2 palefrois « pour le corps de Madame, montés par elle, » et 4 palefrois pour ses dames et ses demoiselles, sans parler des roussins des femmes de chambre, ne possède point de litière. Il n’y en a pas davantage, à la fin du XIVe siècle, chez Mme de La Trémoille ; mais, sur l’état de son écurie, à côté des écuyers, palefreniers et valets de haquenée, figure un « valet de char. »

Ces « chars » féodaux ressemblaient à des tapissières, ou mieux à des voitures de blanchisseur, portées sur quatre roues et richissimes. Extérieurement couverts de draps ou peints en or et armoriés, ils étaient à l’intérieur tendus de « samit » ou satin, garnis de coussins et de rideaux en velours, avec des milliers de clous, d’ornemens et de motifs en or et en argent. Mais ils n’étaient nullement suspendus, vrais tombereaux où l’on accédait par une échelle. Ce fut, au début du XVe siècle, un sybaritisme délicat que celui des « chariots branlans ; » de rares et puissans personnages adoptèrent seuls cette nouvelle caisse, sans doute supportée par des courroies pour adoucir les chocs, et que l’état des routes réduisait au rôle de voiture d’apparat.

Inventés à leur tour sous François Ier, les carrosses ne furent longtemps qu’un objet de curiosité ; Paris n’en contenait que trois ou quatre sous Charles IX, dont un appartenait à la reine mère, Catherine de Médicis, et un autre à « Madame Diane, légitimée de France. » Il ne s’en vit guère plus, dans les rues de la capitale, jusqu’à la fin de la Ligue. Les princes et Henri IV lui-même, dans les années qui suivirent son arrivée au trône, allaient à cheval par la ville et, « si le temps semblait tourné à la pluie, » mettaient en croupe un gros manteau. Le comte de Guron, les marquis de Cœuvres et de Rambouillet, se dispensèrent les premiers de cette règle ; « encore se cachaient-ils et fuyaient la rencontre du roi, sachant que cela lui était désagréable. »

Le monarque, à la fin de son règne, n’avait d’autre voiture