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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier.


On a beaucoup disserté dans la presse sur les élections sénatoriales du 4 janvier : ce qu’on peut en dire de plus exact, c’est qu’elles n’ont rien changé à la situation. Le Sénat restera le lendemain ce qu’il était la veille, et si la politique ministérielle s’est renforcée de quelques adhérens nouveaux, le nombre en est négligeable, la majorité du Sénat ne tenant pas à une demi-douzaine de voix. Les journaux du « bloc » affectent de chanter victoire à tue-tête ; mais où est leur victoire ? Ils aiment mieux la proclamer que la démontrer. Quant à nous, nous ne l’apercevons pas. On doit même être surpris que le parti radical-socialiste, qui est aujourd’hui au pouvoir depuis plus de quatre ans, et qui, certes, use sans scrupule de tous les moyens d’action qu’il y trouve, n’ait pas fait plus de progrès dans le corps électoral du Sénat. Ce corps est, en effet, particulièrement sensible aux influences administratives. Il se compose des délégués des Conseils municipaux, c’est-à-dire, neuf fois sur dix, des maires et des adjoints. La loi de 1884 a cru affranchir les maires en décidant qu’au lieu d’être nommés par le gouvernement, ils seraient élus par les Conseils municipaux ; mais la réforme n’a pas produit, au point de vue de la décentralisation communale, tous les résultats qu’on en attendait. Les maires ont besoin des sous-préfets, et dès lors, ils dépendent d’eux. Le lien qui rattache les communes à l’administration préfectorale est resté très étroit. On pouvait donc croire que le corps électoral du Sénat subirait, dans une beaucoup plus large mesure qu’il ne l’a fait, l’impulsion gouvernementale. Il l’a subie, en effet, mais très faiblement.

La vie politique a été suspendue pendant six semaines pour donner à ces élections insignifiantes le temps de se faire : arrêt inévitable, mais