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REVUE LITTÉRAIRE

UNE DECOUVERTE RÉCENTE : L’HUMANISME

Une découverte vient d’être faite. Ce n’est pas un secret et nous ne sommes pas tenus à la réserve, puisque au contraire il y a profit pour tout le monde à ce qu’une idée neuve et qui peut devenir féconde, se répande promptement. Ce dont il s’agit cette fois, c’est d’un principe d’art. On a trouvé une méthode pour faire les vers, un moyen pour rajeunir la poésie, un procédé pour donner du talent à ceux qui ne s’empêcheront pas tout exprès d’en avoir. Du principe qui vient d’être ainsi mis en son jour, peut-être tirera-t-on plus tard une morale, une religion et même une sociologie ; en attendant, on en a tiré une poétique : c’est déjà bien joli. Cette recette aux vertus encore ignorées, ce système dont les hommes à systèmes ne s’étaient pas encore avisés et qui manquait aux hommes d’imagination, cette poétique aux recettes mirifiques et insoupçonnées, faut-il enfin l’appeler par son nom ? C’est l’humanisme.

L’avènement de l’humanisme dans la Littérature ! voilà le fait qui vient d’être brusquement annoncé au monde afin d’y faire sensation.

Il y a des gens qui n’en croiront pas leurs oreilles... Non certes que tant de nouveauté soit pour les stupéfier, mais ils se demanderont s’ils ne sont pas dupes d’une illusion, et s’ils s’étaient trompés jusqu’ici en croyant que le mot leur était familier et qu’ils avaient déjà entendu beaucoup parler de la chose. Dès le temps de la Renaissance, n’est-ce pas sous l’influence de l’humanisme que s’est fait en France et hors de France le renouvellement des esprits ? Érasme comme Pétrarque, Rabelais comme Ronsard, et les érudits comme les poètes