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Elle est d’un cinq-centième de seconde : nous la restreindrons, j’en suis certain, à un cinq-millième ! »

Tout semblait marcher admirablement. L’appareil ainsi disposé n’avait qu’une longueur de 60 centimètres. Il pesait 5 à 6 kilos seulement. Il était parfaitement maniable et garni d’une douzaine de plaques extra-sensibles de dimensions suffisantes. Nous tenions entre nos mains un soleil n’ayant pas moins d’un centimètre et demi de diamètre et supportant un développement notable.

Nous nous occupâmes donc avec ardeur de nos préparatifs de départ. M. Saunière, président de l’Aéronautique-Club, devait piloter notre aérostat.

Malheureusement, nous avons été mis en déroute dans la nuit du 30 au 31 octobre par les nuages dont nous nous imaginions triompher facilement. Nous avons recueilli une nouvelle preuve de la fragilité des combinaisons aérostatiques lorsqu’on n’accumule pas toutes les ressources de la science, du gaz hydrogène, un hangar pour le gonflement, et des études préalables sur le maniement des instrumens scientifiques dont on va se servir.

L’usage des ballons-sondes date de plus de dix ans : c’est le 4 août 1892 que MM. Hermite et Besançon ont eu l’honneur de lancer leur premier aérostat explorateur, à l’usine à gaz de Noisy-le-Sec. Des savans tels que MM. Assmann, Berson, Süring se sont attachés à cette spécialité. On a établi un comité international duquel font partie, pour la France, MM. Bouquet de la Grye, Mascart, Violle et Cailletet. M. Teisserenc de Bort a fondé un établissement spécial près de Trappes ; il en a organisé un autre à Viborg, en Danemark. Un observatoire aéronautique a été établi à Tegel, par le gouvernement allemand. Mais que de peines, que de soins ont été nécessaires ! Trois congrès internationaux ont été tenus à Strasbourg, à Paris et à Berlin, à propos d’une question qui paraît aussi simple. Cependant, c’est seulement depuis moins d’un an que les lancers mensuels ont pris une forme définitive, que les ballons-sondes parviennent quelquefois à des hauteurs voisines de 20 000 mètres, que les ascensions libres nécessaires à l’interprétation des tracés exécutés par les enregistreurs ont atteint dans une même ville (Berlin), pendant trois mois consécutifs, des altitudes de 5 à 6 kilomètres. C’est pour la première fois dans l’expérience mensuelle d’octobre