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même à l’hôpital. Il s’occupe de la fondation d’une maison de convalescence pour les pauvres aux environs de Paris, d’un hôpital pour les enfans phtisiques dans le Midi ; il assure le bénéfice du séjour de Berck-sur-Mer aux enfans pauvres. Avec le vénérable M. Meignan, il établit pour la jeunesse ouvrière le cercle Montparnasse, qui a été le point de départ de toutes les créations de ce genre en France. Partout, en un mot, dès qu’il s’agit d’instituer une œuvre utile, on retrouve son ingénieuse et infatigable activité. Elle se déploie, en particulier, dans tout ce qui touche au bureau de bienfaisance du Xe arrondissement, qu’il présidait comme maire ; il sait recruter, multiplier les concours sans distinction d’opinions, susciter les dons, rechercher et adopter les meilleurs modes d’assistance, assurer la distribution intelligente des secours, dresser la statistique de la misère, veiller aux mesures d’hygiène et de salubrité. Aussi discret qu’infatigable, il ne donne son nom à aucune des œuvres qu’il fonde.

Mais, il faut le reconnaître, Cochin a eu la précieuse fortune d’être initié à la pratique de la charité par deux maîtres incomparables, M. de Melun et la sœur Rosalie ; « car, si la charité est bien plus qu’une science, si elle est une vertu, — comme il le dit très justement, — la manière d’exercer la charité est une science et touche à une infinité de questions qu’il n’est pas prudent d’ignorer. »

M, de Melun, dont le nom ne devrait être prononcé qu’avec un sentiment de respect et de reconnaissance, est un des hommes de ce temps auxquels les malheureux sont le plus redevables. C’est à son initiative, à son zèle persévérant, qu’il faut rapporter l’origine de la plupart des mesures législatives qui ont eu pour objet d’organiser l’assistance, de remédier à la misère, de même qu’il a participé, et le plus souvent d’une manière prépondérante, à presque toutes les grandes œuvres dont la charité privée a doté notre pays dans la seconde moitié du siècle dernier. Sa carrière parlementaire n’a pas été longue, et l’on est émerveillé de sa fécondité. Le nom de M. de Melun est resté attaché aux lois sur l’assistance votées en 1850 ; aux lois sur les logemens insalubres, sur les caisses de retraites, sur les sociétés de secours mutuels, sur l’éducation et le patronage des jeunes détenus, aussi bien qu’aux mesures projetées alors relativement aux hôpitaux, aux secours à domicile, au service médical dans les