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sous le nom de galerie d’Economie domestique une section spéciale destinée aux objets à bon marché, utiles au bien-être physique et au développement intellectuel des classes laborieuses. Le fait était absolument nouveau. On vit pendant des mois cet esprit délicat et raffiné s’attacher à cette spécialité sans éclat, n’ayant pas de préoccupation plus vive que de mettre en lumière tout ce qui constitue l’humble vie de l’ouvrier. Il poursuit le même but aux Expositions de 1862 à Londres, de 1867 à Paris. Mais ces généreuses initiatives, il trouve moyen de les exercer sur un terrain bien autrement vaste et important, quand il est devenu maire d’un des arrondissemens de Paris et administrateur de grandes compagnies industrielles. L’énumération serait longue de tout ce qu’il a entrepris et réalisé d’utile de 1855 à 1867 pour améliorer les habitations ouvrières, pour propager les caisses d’épargne, la pratique des assurances, en un mot, tout ce qui peut permettre au travailleur d’accéder au capital et lui faciliter le libre exercice de ses facultés, de son énergie physique et morale. Pour le dire en passant, on lui doit certainement la création des caisses d’épargne postales. Mais c’est dans les mesures prises en faveur des ouvriers par les compagnies des chemins de fer d’Orléans et des glaces de Saint-Gobain que s’est manifestée surtout son intervention. On peut mesurer à quel point elle a été féconde, en constatant que les résultats qu’elle a obtenus non seulement subsistent encore, mais se sont fortifiés et généralisés. Son activité s’est étendue à toute une série de mesures ou de créations : logemens, restaurans, magasins de vêtemens, sociétés coopératives, écoles ménagères, écoles du soir, cercles, bibliothèques, chambres garnies pour les jeunes gens, voilà quelques-unes des créations, nouvelles en ce temps-là, qui excitaient la curiosité parisienne et attiraient, il m’en souvient, nombre de visiteurs.

Personne n’a, je le crois, plus attentivement médité que Cochin sur les solutions que comporte ce que l’on a appelé le problème ouvrier. Il n’estimait pas possible de le résoudre sans le concours simultané des quatre facteurs suivans : l’ouvrier, le patron, l’Etat, la religion.

C’est de l’effort individuel qu’avec raison il faisait avant tout dépendre l’amélioration du sort de l’ouvrier. Si, en effet, la destinée du travailleur est à la merci de bien des influences diverses, rien ne saurait le dispenser d’être laborieux et prévoyant. Le