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de ramener l’attention publique vers les hommes de la trempe d’Augustin Cochin, et de faire entendre, en évoquant leur souvenir, des paroles d’espérance, l’affirmation d’une foi invincible dans la liberté. Cochin était de ceux dont l’exemple nous fait croire au bien, et, comme il Ta dit lui-même, « dès que l’on croit au bien, on en devient capable. »


I

Je n’entreprends pas ici une étude biographique : cette étude a été faite par un illustre écrivain[1]. Tout mon dessein est de faire connaître la vie de Cochin sous ses principaux aspects, dans les idées maîtresses qui la dirigèrent.

Il faut bien le constater : dans la génération nouvelle, beaucoup n’ont entendu d’Augustin Cochin que le nom ; et encore leur est-il connu surtout par les héritiers qui le portent si brillamment aujourd’hui. On sait trop peu de chose de ce qu’a été cet homme vraiment moderne, pénétré du sens exact de la démocratie, désireux de la servir, amoureux à la fois de l’Evangile et de la liberté, et demeuré en même temps, par sa croyance et sa vie, un catholique des premiers âges.

Sans doute, l’éclat extérieur a manqué à l’existence d’Augustin Cochin. Les dramatiques événemens de ce temps ne l’ont pas mis en lumière comme d’autres. Il n’a pas connu la popularité bruyante, l’orgueil des premiers rôles. Par une singulière fatalité, il semble que les grandes charges publiques se soient dérobées devant ce bon Français, si bien préparé à les remplir, et qui en était plus digne que tout autre ; ou bien, quand elles allaient le chercher, quand le pays réclamait ses services, il mourait à quarante-huit ans, ayant, longtemps avant sa mort, dit adieu à la gloire, — non au devoir, — et s’étant résigné volontiers « à faire du bien au lieu de faire de l’effet. » La carrière publique de Cochin tient en quelques lignes. Né en 1824, à Paris, il se fait inscrire, après de brillantes études, au barreau de la capitale sans exercer la profession d’avocat. Bientôt, il est maire du Xe arrondissement, membre de l’Institut, administrateur d’importantes sociétés industrielles, — des Compagnies du chemin de fer d’Orléans et des glaces de Saint-Gobain, notamment,

  1. Augustin Cochin, par le comte de Failoux, de l’Académie française. Librairie Didier, 1875.