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plus voir la comtesse Zouboff. J’ai appris hier que, sur les reproches que lui a faits son mari de sa vie dissipée, elle s’est condamnée à une retraite volontaire et a fermé sa porte à tout le monde, même à sa grande et grosse amie, même au cousin ( ? ), qu’en dites-vous ? Le mari s’en moque ; le cousin passe sa vie dans sa chambre....J’ai vu hier les Françaises. Vous eussiez ri de voir la foule de monde qui courait après elles. »

« 22 avril. — Je reviens dans ce moment du théâtre des chevaux au Galerenhoff. Il est arrivé ici depuis quelques jours une voltigeuse italienne nommée Chiarini, qui excelle vraiment dans son genre. Elle est âgée de seize ans et belle comme un ange. En voilà bien assez pour faire que le théâtre ne se désemplit pas depuis trois semaines qu’elle est arrivée, et, tous les jours, il y a représentation. »

« 5 mai. — Costa a été l’autre jour chez l’Impératrice, qui a eu la bonté de le présenter elle-même à l’Empereur. Il a été décidé que, dans quelques semaines d’ici, il ira à Ratisbonne y passer quelques mois et, de là, on l’enverra à quelque mission plus considérable.

« Le général Talisin, que vous connaissez, a été renvoyé de la ville, il y a de cela trois ou quatre jours. Tout le monde a été ravi de cette nouvelle. Il était généralement haï et à bien juste titre. Voici la cause de son renvoi. Il voulait être commandant du régiment de Séménowsky et, pour parvenir à ses fins, il avait gagné à force d’argent deux des valets de chambre de l’Empereur. Deux mille roubles leur avaient [été déjà payés et Talisin leur avait donné une lettre de change de quinze mille, payable aussitôt qu’il aurait atteint son but. L’Empereur découvre l’intrigue. Il a les preuves en main et, tout de suite, il envoie ordre à Talisin de quitter la ville ; il a eu son congé et il est dit dans l’ordre pourquoi. Les deux valets de chambre dont l’un était le favori de l’Empereur ont été renvoyés avec des feld-jagers. Tout le monde bénit la justice de notre cher souverain qui mérite vraiment chaque jour davantage l’amour de son peuple.

« ... L’Impératrice est déjà établie à Paulowsky. Samedi, il y aura bal à propos de la fête de la grande-duchesse Catherine. Nous y sommes invités et comme il n’y aura en tout que dix danseurs, il faudra que Bonsi étale aussi ses grâces. »

« 9 mai. — Avant-hier, il y eut bal chez la comtesse Schouvaloff et, comme de raison, votre sœur en a été. Elle donne dans