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UNE VIE D’AMBASSADRICE
AU SIÈCLE DERNIER

I
A LA COUR DE RUSSIE

De nouveau, je viens entretenir de Dorothée, comtesse, puis princesse de Liéven, les lecteurs de la Revue. En lui consacrant ce récit, je me plais à penser qu’ils ne trouveront pas mauvais qu’une fois de plus, je leur parle d’elle[1]. La place qu’elle a tenue dans la société diplomatique de son temps, l’influence qu’elle y a exercée, les illustres amitiés qu’elle y contracta, voilà qui suffirait, me semble-t-il, à justifier une étude complémentaire de celles dont elle a été l’objet de ma part, n’eussé-je pas d’autres motifs pour l’entreprendre. Mais, j’en ai d’autres. Ils m’ont été fournis par le comte Alexandre Apponyi, petit-fils du comte Alexandre de Benckendorff, frère de Mme de Liéven. Je lui dois la communication de quelques centaines de lettres[2]

  1. Voyez la Revue des 15 septembre 1901 et 15 mars 1902.
  2. Quatre cents, pour préciser. Écrites en français, elles sont presque toutes adressées par Mme de Liéven à son frère Alexandre de Benckendorff, officier dans l’armée russe, qui devint général et aide de camp des empereurs Alexandre Ier et Nicolas 1er . On en trouve dans le nombre quelques-unes adressées au même correspondant par le mari de Mme de Liéven ou par elle a son père et à la comtesse Apponyi son amie. Parmi celles qu’elle envoyait à son frère, cent cinquante traduites en anglais viennent d’être publiées à Londres : Letters of Dorothea princess Lieven, during her résidence in London, 1812-1834, edited by Lionel G. Robinson. London. Longmans. Green and C°. En les publiant, notre éminent confrère M. Lionel Robinson les a enrichies d’annotations instructives. Il en reste deux cent cinquante qui n’ont jamais vu le jour, Le comte Apponyi a bien voulu me les communiquer avec le texte français des précédentes. Je me plais à le remercier ici de la bienveillante libéralité avec laquelle il m’a ouvert ses archives.