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leurs sabres et, dans ce cas, vous combattrez à chance égale, ou ils voudront conserver leurs lances, et, dans ce second cas, vous aurez bon marché d’eux. »

Il faut aussi se rappeler que le 1er régiment de lanciers, qui chargea l’infanterie autrichienne à Solférino, n’avait pas de lances, car les hommes s’en débarrassèrent dès qu’on prit le galop.

Les Autrichiens ont supprimé la lance en 1884. Les Russes également. En dehors des régimens de la garde, ils n’ont plus que des dragons et des cosaques ; ceux-ci, armés de fusils, sont dressés au combat à pied. Les cosaques du Caucase n’ont pas de lances. Ceux des steppes les ont encore au premier rang.

Dès le commencement de décembre 1899, le 1er royal dragons anglais, qui servait au Natal sous les ordres du général Buller, obtenait d’être débarrassé de ses lances. Cet exemple était suivi par tous les autres régimens. Les lances furent mises en magasin, et, disait récemment une haute personnalité militaire, « j’espère qu’elles n’en sortiront plus. »

Cette manière de voir s’accorde peu avec les idées de l’Empereur allemand.

Le 3 janvier 1890, un ordre impérial armait de la lance (sans préjudice de la carabine) toute la cavalerie. Il semble qu’en ce moment encore, la lance est l’arme favorite du souverain.

« Nous nettoierons les abords de la bataille avec nos balais d’acier, » disent les partisans de cette arme. Quelques groupes de dragons pied à terre les feraient vite rentrer dans les lignes.

En ce qui concerne l’exploration, il ne faut pas perdre de vue que la cavalerie est maintenant arrêtée par le feu à des distances où elle ne peut encore rien voir. Plus que par le passé, elle est exposée à tomber dans des embuscades.

La guerre Sud-Africaine a donné à cet égard des exemples probans. Les Anglais n’ont pu obtenir de la cavalerie que des renseignemens sur la ligne apparente du rideau de mousqueterie, dont s’enveloppait l’adversaire et sur les points qu’il n’occupait pas.

Un tel résultat peut être acquis avec de faibles forces, pourvu qu’elles soient actives, très mobiles et adroites. Pour ce service le groupement en divisions est nuisible. Il vaut mieux que la cavalerie soit répartie dans les détachemens de couverture composés des trois armes formant rideau, et qui tiennent tout le réseau routier menant à l’ennemi. Faudrait-il entendre par là