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Mais il faut faire remarquer que ces résultats n’ont été obtenus que par de très petites fractions. Ce sera dorénavant la règle, car seules elles peuvent saisir l’occasion et en profiter.

Lorsque la cavalerie autrichienne est coagulée en lourdes masses qui se réservent pour la bataille, comme dans la campagne de Bohême, elle ne peut ni éclairer ni combattre. Quand tout est perdu, alors seulement elle intervient pour ralentir la poursuite. Elle sait se dévouer sans restriction et subir avec le plus grand courage les pertes les plus cruelles ; mais pour quel résultat ? Quelques escadrons pied à terre, appuyés par leur artillerie, n’auraient-ils pas arrêté plus sûrement la poursuite que ne le firent des charges meurtrières ?

La cavalerie prussienne, plus divisée, éclairait mieux principalement au moyen de ses pointes d’officiers. Toutefois, son action, comme arme combattante, fut restreinte, parce que le combat à pied n’était pas dans ses mœurs.

La décroissance progressive de la force de la cavalerie en tant qu’arme de choc ne cesse donc pas de se manifester. Cependant les grands chefs ne veulent pas s’en rendre compte. En vain la guerre américaine l’a-t-elle clairement démontré. En France, le même aveuglement existait. Quatre ans plus tard, la guerre franco-allemande éclatait et nous en apportait la preuve cruelle.

En juillet 1870, à l’armée du Rhin, nous disposons de 220 escadrons : 84 de cuirassiers et de lanciers, 84 de chasseurs d’Afrique, hussards et chasseurs et 52 de dragons. Ceux-ci sont enfin parvenus au but depuis si longtemps poursuivi, de se soustraire définitivement au service pour lequel ils ont été créés : le combat à pied. Peu à peu, ils s’étaient débarrassés de l’armement spécial qui leur avait été donné à cet effet.

Leur premier armement réglementaire date de 1717. Ils avaient alors le même fusil que l’infanterie avec la baïonnette à douille inventée en 1688.

Ils conservent et suivent dans ses transformations l’armement de l’infanterie, en 1734, 1777, 1822.

En 1832, on supprime leur baïonnette ; on l’avait enlevée en 1816 aux hussards qui, après avoir eu le fusil comme les dragons, avaient reçu le mousqueton de cavalerie modèle 1786 avec baïonnette. En 1842, les dragons reçoivent un fusil de modèle spécial à garnitures en cuivre, à percussion et sans baïonnette, qui est suivi par le fusil modèle 1857.