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divisions d’infanterie qu’elles tiennent ainsi figées sur leurs positions. Bien plus, vers deux heures du soir, les deux brigades autrichiennes chargent pour la deuxième fois, et cette fois prennent plus de 1 000 hommes aux régimens italiens qui descendent en fuyant le Monte Croce et le Monte Torre. Elles poussent même l’audace jusqu’à sommer les deux généraux de division de capituler.

A l’autre aile et également à 8 heures du matin, la brigade autrichienne d’infanterie du général Benko était obligée d’abandonner devant les forces très supérieures des brigades italiennes Pisa et Forli, la position de Monte Cricol, Mongabia, Fenile, où elle était en train de se déployer. Le colonel de Berres qui, avec six pelotons de lanciers de Sicile, servait de soutien à la réserve d’artillerie du Ve corps autrichien, voyant le mouvement de recul du général Benko, envoie aussitôt trois de ses pelotons sous les ordres du capitaine Bechtoldsheim, pour chercher à prendre en flanc les colonnes italiennes. Celui-ci dépasse les troupes du général Benko, gravit le Monte Cricol pour reconnaître l’ennemi et aperçoit la brigade italienne Forli marchant en pleine confiance sur Fenile. A sa tête se trouvent le général Cerale, commandant la division, et le général Dho, commandant la brigade. Sans hésiter, il descend la pente comme un ouragan avec ses trois pelotons ; traverse la brigade Pisa, qui garnit le revers des pentes du Monte Cricol, tombe dans le flanc de la brigade Forli, stupéfaite de tant d’audace, et la met en pleine confusion. Les deux généraux sont grièvement blessés. Des cinq bataillons présens, un seul résiste ; les quatre autres sont en panique. Les trois pelotons de lanciers, décimés par le feu du bataillon qui n’a pas fui, sont, il est vrai, réduits à 17 hommes. Ils ont perdu, tués, blessés et manquans : 2 officiers, 94 hommes et 79 chevaux, mais l’aile droite autrichienne est dégagée et désormais va pouvoir reprendre l’offensive, progresser sans arrêt et achever de décider le succès.

A Custozza, la cavalerie autrichienne n’est donc pas, comme à Sadowa, employée à sauver l’armée d’un désastre. Elle sert à l’archiduc Albert à s’envelopper avant la bataille d’un rideau impénétrable, à tromper l’ennemi et à tenir éloignée du champ de bataille toute une armée.

Au début du combat, elle profite avec à-propos des occasions offertes et les résultats qu’elle obtient compensent ses pertes.