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et de l’autre sur le Pô, par la brigade d’infanterie du général Scudier, soutenu par le 13e régiment de hussards. Pas un espion ennemi ne pourra franchir ce rideau et l’état-major italien restera dans l’ignorance absolue des mouvemens des Autrichiens.

Le 22 juin, résolu à porter son effort contre larmée du roi de Sardaigne, établie entre la Chiese et le Mincio et mettant à profit une crue du Pô, qui rend difficile le passage de ce fleuve, l’archiduc rappelle à lui la brigade Scudier et ne laisse devant les 90 000 hommes du général Cialdini, établis autour de Ferrare, que le 13e hussards et le 10e bataillon de chasseurs, sous les ordres du colonel de Szapary. Ce dernier s’acquitte parfaitement de sa mission, tient constamment l’archiduc au courant des mouvemens des Italiens, recule pas à pas devant eux, en les tenant en haleine et détruit les ponts de chaque cours d’eau qu’il abandonne. Le 23 juin, à 8 heures du soir, il faisait savoir par télégraphe à l’archiduc que l’armée de Cialdini, encore occupée sur le Pô, n’avait pas rallié l’armée du roi et ne pouvait être le lendemain à la bataille entre le Mincio et l’Adige.

Le 24 au matin, l’armée royale franchit le Mincio et se porte en avant dans la direction de Vérone, Elle est absolument surprise de se heurter à l’armée autrichienne, dont elle ignorait la présence en avant de cette ville. Les deux divisions de la droite : prince Humbert et Bixio, viennent donner contre les deux brigades de cavalerie des colonels Bujanovics et Pulz (15 escadrons, 2 400 chevaux) que l’archiduc a réunis sous le commandement du dernier. Celles-ci n’hésitent pas ; elles attaquent à fond et avec beaucoup d’à-propos les deux divisions italiennes. Chaque régiment, tout en se conformant au mouvement général, agit de sa propre initiative. En particulier, les lanciers de Trani et les hussards de l’empereur, emportés par leur élan, attaquent de front, les premiers, les carrés du prince Humbert, les seconds, ceux de la division Bixio.

Ces deux brigades perdent la moitié de leur effectif. Mais les 36 bataillons et les 6 batteries des 2 divisions prince Humbert et Bixio sont immobilisés pour le reste de la journée. Il n’était que 8 heures un quart du matin. Encore, crut-on nécessaire de renforcer plus tard ces troupes, pour remonter leur moral, avec la brigade Pistoja.

Les débris de la cavalerie du colonel Pulz se rallient et pendant tout le reste de la journée menacent le flanc de ces deux